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Michael à Netanya, Israël
Depuis que j’ai quitté mon pays natal à 5 ans et 1/2, je me sens orphelin. Ce n’est pas parce que mes parents étaient morts, mais simplement parce qu’il n’étaient pas là et qu’en arrivant à Amsterdam je me trouvais dans un environnement très hostile, loin de mes repères sécurisants. Je me suis tellement fait agresser à l’école primaire où j’allais au début, que j’ai du changer d’établissement. Je me bagarrais tout le temps pour me défendre. Heureusement que j’étais physiquement costaud et que j’ai rarement perdu un affrontement. Rapidement, je suis devenu un enfant clé… C’est ainsi que l’on appelait un enfant que personne n’attendait à la maison et qui portait lui-même la clé de l’entrée autour de son cou.
Mon père était resté en Israël. A l’époque, l’enfant était automatiquement attribué au père en cas de divorce. Pour que ma mère puisse m’amener, il a fait une simple transaction et m’a vendu pour le prix de 15 ans d’allocation alimentaire. Je l’ai revu une première fois seulement 13 ans plus tard. Il n’a jamais été un parent pour moi… il ne l’a jamais été là. En même temps, ma mère travaillait dur à Amsterdam pour gagner son indépendance et pour se construire une vie affective. Je la voyais principalement aux heures de repas du soir et cela seulement entre mes 12 et 20 ans. Nous avons passé une seule fois nos vacances ensemble. C’était à Benidorm en Espagne. C’était ma grand-mère qui s’occupait de moi quand nous sommes arrivés en Hollande. Elle était comme la belle-mère de blanche-neige ou de cendrillon avec moi. Elle détestait mon père et je lui ressemblais comme deux gouttes d’eau. Elle traitait plutôt sa nièce comme son petit enfant et passait son temps à m’engueuler ou à me frapper…
Alors, je me suis souvent fait adopter par les parents de mes meilleurs amis. Je ne le faisais pas exprès. Au lieu de rester seul à la maison, j’étais quasiment tout le temps dans la rue avec mes copains. Leurs parents m’accueillaient tendrement chez eux et me prenaient rapidement d’affection. Parfois ma relation était même mieux avec eux qu’avec mes amis. Ma mère est décédée quand j’avais 22 ans. Mon père n’était toujours pas là. Quand j’ai pris contact avec lui 2 ans plus tard, c’était le début d’un long parcours où je cherchais à me faire aimer de lui. Grâce à mes outils thérapeutique, en occurence le processus de deuil, j’ai su m’approcher un petit peu de lui… mais je n’ai jamais retrouvé mon père ni mon papa.
Sans père, j’ai beaucoup copié sur mes amis pour savoir comment faire, comment m’habiller, comment me comporter. Avec ma mère absente, qui me tenait inconsciemment en otage, j’ai grandi en développant une castration psychologique envers les autres femmes. A part mes amis, je n’avais personne avec qui partager ce que je vivais. C’était logique que j’ai cherché la popularité à l’extérieur. J’ai appris à faire de l’humour en copiant sur Tali, un garçon au lycée que je trouvait super-drôle. Mais, quand, vers mes 18 ans, j’ai commencé à vivre des choses bizarres, des choses inexplicables que je sentais dans mon fort intérieur et que je reconnais aujourd’hui comme des manifestations d’un réveil au monde réel et spirituel, j’ai commencé à chercher des personnes à qui me confier. C’était trop fort pour garder ça en moi…
Oh, je n’en étais pas vraiment conscient. C’est seulement rétrospectivement que je constate que c’était à partir de ce moment-là que j’ai toujours eu un confident. Ce n’était pas n’importe qui. J’ai eu de la chance de toujours avoir eu quelqu’un qui pour une raison magique arrivait à me comprendre, à m’accepter tel que j’étais et même à m’apprécier. Quand le chemin avec un se séparait, il y avait rapidement un autre qui prenait le relais. Il y a eu ainsi dans l’ordre Rosa, Maarten, Patricia, Colette, Nathalie (x2) et Ruben. Chacun avait la faculté d’accueillir mon flot de paroles abondant et de savoir m’écouter sans jamais me juger.
Même accompagné, je me suis toujours senti seul sur mon chemin. J’étais l’orphelin éternel… le juif errant… l’alchimiste itinérant… toujours en chemin, toujours en recherche, toujours en train de rentrer à la maison. Grâce à mes confidents, je me suis jamais senti complètement abandonné. Je leur raconté tout ce que je vivais. Leur présence a été rassurant, validant et ainsi très important pour moi. Je ne sais pas si j’avais pu survivre sans eux. Ils représentaient beaucoup pendant leur passage dans ma vie. Il y en a eu d’autres qui se sont approché de moi. J’ai toujours fait confiance très vite, trop vite avec certains… et je me suis fait très mal à plusieurs reprises.
Depuis que les chemins de Ruben et moi se sont séparés, il y a 18 mois environ, je n’ai plus eu de vrai confident. Oui, il y a mon journal. Il y a vous à qui je me confie beaucoup. Vous êtes toujours là… pas toujours les mêmes, certes… mais d’une certaine manière, ce journal a pris le relais et m’a permis de me dire sans me limiter. Toutefois, il y a des choses que je ne partage pas avec vous, mais que je pouvais partager avec l’Ami de mon choix. Je voyage en solitaire depuis 6 ans mais c’est seulement depuis 18 mois que je me sens parfois vraiment seul. Mais, attention… ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose.
Je peux vivre l’absence de l’autre comme un manque d’une présence… ou comme une richesse d’être avec MOI-m’aime. Je pense que ces derniers temps, j’ai surtout appris à être MOI et à être avec MOI… et d’aimer cela. Moi aussi, je me trouve bizarre… mais je me m’aime de plus en plus ainsi. J’aime l’Homme que je suis en train de devenir. Parfois, quand je m’observe et que je constate à quel point je suis atypique, je me fais rire tout seul.
Ma solitude touche à sa fin. Encore 3 semaines ici en Israël, puis je m’envoles pour la Martinique. Le temps passe très vite. J’échange déjà beaucoup avec S, l’Amie que je vais rejoindre, et j’ai l’impression qu’une belle aventure nous attend. Il est même possible que je trouverais en elle une nouvelle confidente. Je l’espère en tout cas. Ce n’est pas toujours facile de ne pas pouvoir partager des souvenirs. Ça me manque beaucoup. Hier soir, nous avons échangé jusqu’à tard et il me semble vraiment que nous sommes sur la même longueur d’onde et que nous avons les mêmes envie, les mêmes intentions, les mêmes besoins et les mêmes rêves. A suivre, à découvrir, à explorer, puis à savourer…
Je nous souhaite une autre délicieuse journée d’été… ∞❤️∞