Taillefer (09), France đ«đ·
Je ne pollue pas⊠et jâai un certificat pour le prouver. Jâai mĂȘme de la marge, car le garagiste nâa mesurĂ© que la moitiĂ© du taux maximum autorisĂ©. Bien Ă©videmment, je parle de mon camion que je suis obligĂ© de faire contrĂŽler annuellement⊠mais symboliquement je fais le parallĂšle avec la pollution verbale Ă laquelle jâaspire ne plus participer Ă©galement. đ
En rĂ©flĂ©chissant comment dĂ©crire ce que jâentends par pollution verbale, de maniĂšre simple et claire, je pense tout de suite au territoire. Je considĂšre en fait chaque expression intrusive polluante. Je pense surtout Ă de lâaide et des enseignements non-sollicitĂ©s qui castrent, des gĂ©nĂ©ralisations qui emprisonnent et limitent⊠et nâoublions pas la manipulation verbale qui nous dĂ©vie de notre chemin. Ce nâest donc pas tellement la quantitĂ© des paroles, mais plutĂŽt la qualitĂ© qui me fait intĂ©rieurement considĂ©rer si ça pollue ou pas. đ
Parler pour ne rien dire, faire de lâhumour ou dâautres formes dâĂ©change sociaux innocents ne polluent de mon point de vue pas notre monde. Vouloir que la terre entiĂšre marche au pas sur un chemin spirituel strict, câest trop demandĂ© et Ă mes yeux mĂȘme triste et dâun non-sens total. Ce serait pareil que de demander aux petits du CM1 dâĂȘtre tout de suite au niveau dâun doctorat. Ce que jâappelle la pollution verbale est avant-tout une expression nocive, mĂȘme si elle est inconsciente et involontaire. đÂ
Nous en faisons quasiment tout le temps et de ma fenĂȘtre je perçois comment ainsi des parents empĂȘchent lâenvol de leurs enfants, les partenaires dâun couple se castrent mutuellement et des collĂšgues de travail se dĂ©valorisent rĂ©ciproquement, sans cesse⊠et souvent sans sâen rendre compte. Ils nâont simplement jamais appris Ă sâexprimer âsans perdantâ et laisser lâautre dans sa valeur, câest-Ă -dire, sans mettre de la pression, sans mettre lâattention sur lâerreur, sans manipuler, sans juger ou dĂ©valoriser, etc. đł
Jâai commencĂ© sur le tard et jâai appris sur le tas. Câest un des endroits oĂč je mets beaucoup dâattention et dâeffort depuis longtemps, mais malgrĂ© ça je fais encore des erreurs aujourdâhui. Les rĂ©flexes ancrĂ©s par ignorance et habitude depuis mon enfance, sont difficiles Ă modifier. Mais, jây parviens tout doucement. Ăa me demande de moins en moins dâeffort. Il suffit que je fasse un tout petit peu attention et je vire illico presto de mes habitudes vers une toute nouvelle maniĂšre dâĂȘtre. Mes interlocuteurs ne sâen rendent peut-ĂȘtre pas compte, mais moi si⊠đÂ
Ce matin en revenant du contrĂŽle jâai pensĂ© Ă tout ça. Jâai cherchĂ© lâendroit chez moi oĂč je pollue encore en ce moment. En laissant dĂ©filer rapidement mon passĂ© devant le scanneur dans ma tĂȘte, jâai vite vu oĂč chez moi le bas blesse. En fait, ma pollution vient surtout de mon besoin dâĂȘtre validĂ©. Je nâai pas tellement besoin dâavoir raison, dâĂȘtre compris, ou dâĂȘtre le meilleur. Jâai besoin que quelquâun valide et approuve ce que jâai fait, les dĂ©cisions que jâai prises ou le chemin que jâai parcouru. âïž
Alors, je parle encore trop vite de moi, de ce que jâai acquis, de ce que je pense, de ma quĂȘte⊠et je peux mĂȘme parfois encore donner des conseils ou offrir des solutions. Je nâen ai plus vraiment besoin. Tout va bien. Je me sens globalement et profondĂ©ment en paix. Mais, il reste quelque part au fond de moi un endroit dâoĂč vient ce besoin qui ne pourra plus jamais ĂȘtre assouvi. Juste que mes ainĂ©es me valident. đ
Câest lâabsence dâun pĂšre dans ma vie, et la blessure de rejet qui lâaccompagne, qui ont provoquĂ© ce besoin chronique dâĂȘtre validĂ© tout le temps depuis que je suis tout petit. Je me souviens Ă quel point jâai pu observer comment dâautres garçons se comportaient, parlaient ou sâhabillaient. Jâai toujours posĂ© beaucoup de questions Ă mes copains pour savoir comment ils allaient faire telle ou telle chose. Il mâa manquĂ© complĂštement la structure et lâexemple masculin. Le rejet a Ă©tĂ© ma blessure la plus forte et câest la seule qui est encore active en ce moment. Les autres me laissent plutĂŽt tranquilles. đ
MĂȘme si jâai dĂ©jĂ franchi des Ă©tapes importantes intĂ©rieurement, je semble ĂȘtre amenĂ© Ă revisiter encore et encore des facettes de mon ĂȘtre, jusquâau moment oĂč la perfection est atteinte et oĂč je deviens lâexpression mĂȘme de lâAmour. Ăa me semble logique, car dans mon monde nous sommes tous venus uniquement pour ça. Je ne fais pas exception Ă la rĂšgle. MĂȘme si ce que je vis en ce moment nâest pas lĂ©ger, jâaime voir comment jâavance jour aprĂšs jour, pas aprĂšs pas un peu plus vers ma maison. đ
Je sais que je suis mon propre pĂšre et ma propre mĂšre maintenant. Jâai passĂ© cette Ă©tape il y a environs deux ans dĂ©jĂ . Il suffit juste que je mâen souvienne au moment oĂč je prends lâĂ©lan pour quitter mon territoire et polluer celui dâun autre. Je nâai pas besoin de validation, je nâen ai plus besoin. Alors, je mâen souviens et je me calme et mâinstalle tranquillement et silencieusement chez moi, dans mon corps, au niveau de mon bassin et mon ventre. đ„
Belle journĂ©e Ă tous đ