Académie Militaire ~ Military Academy

Michael à Fort-de-France, Martinique 🇲🇶 

C’était en juillet 1981, il y a exactement 40 ans, à quelques mois près, que j’ai reçu mon diplôme d’officier. Je pense que c’était le plus grand exploit et réussite que j’ai vécus dans ma vie d’homme normal. L’aventure avait commencé en 1977 avec une sélection de trois jours dans une base militaire. J’avais déjà le pré requis, un niveau d’étude de lycée/collège assez élevé. Je ne parle pas de mes notes, elles étaient plutôt médiocres. Non, en Hollande il y avaient à l’époque 5 niveaux différents de lycée/collège et le minimum requis était le deuxième vu d’en haut, le mien. Dans la base, j’ai passé toute sorte de tests, psychologiques et physiques, pour voir si j’avais la graine d’un futur chef militaire. C’était dur, surtout parce que nous ne savions pas comment ils nous jaugeaient. 👀

L’exigence était clairement très grande. Je me trouvait parmi des hommes vraiment costauds. Sportivement, il y avait plusieurs champions nationaux en tout genre et les exercices réalistes militaires, politiques et sociétaux… puis, les jeux de rôles divers étaient là pour mesurer nos aptitudes et notre intelligence. Il y avait tout le temps des observateurs qui prenaient des notes sur la prise d’initiative, l’humour, l’esprit d’équipe, etc. Les candidats étaient tous entre 18 et 24 ans. Certains étaient déjà devenus officier pendant leur service militaire, d’autres, comme moi, devaient encore passer leur BAC.  La difficulté était que nous ne savions pas exactement comment nous comporter pour correspondre au profil parfait. 🎖

Mon diplôme est une des rares choses que j’ai gardé…
J’ai travaillé trop dur pour l’obtenir…

Une fois les tests passés durant 3 jours favorablement, les candidats restants étaient convoqués à l’Académie Militaire Royale à Breda pour une sélection finale. Parmi les 1500 candidats du départ, ils n’allaient en choisir que 150. De ceux-là il y en avaient seulement 3 qui ont été pris toute de suite, dont moi. Je faisais désormais parti de la grande famille des artilleurs. Les autres ont dû attendre plusieurs semaines pour avoir le résultat. Parmi les 3 possibilité que j’avais, Académie du Sport, Académie de la Photo et l’Académie Militaire, rétrospectivement c’était bien la dernière qui me correspondait le mieux. L’expérience que j’ai vécue par la suite m’a servi durant toute ma vie. Toutefois, si aujourd’hui j’avais la possibilité de refaire cette partie de ma vie, jamais je ne serais allé étudier… je serais parti en voyage… ça aurait été le moment parfait de rentrer dans mon pays de naissance, en Israël ! 🇮🇱

Physiquement et psychiquement, j’ai vécu les 4 années les plus dures de ma vie. J’avais choisi des études sociologiques et psychologiques. J’ai été confronté à des niveaux d’études très élevés, entrecoupés de manoeuvres militaires et imbibés de beaucoup d’exercices physiques. Le tout était discrètement teinté d’un anti-sémitisme latent de la part de quelques officiers et sous-officiers, puis d’un petit groupe très précis de camarades de classe. Pendant les 3 premières semaines, dans un camp d’introduction, j’avais involontairement montré des aptitudes naturelles de leader. Quand, pour ne pas trop me faire remarquer, je m’en suis extrait, je suis devenu la cible de ce groupe de cadets de l’infanterie et de la cavalerie. Chaque année j’ai réussi à exceller en quelque chose au niveau de mes études. Sportivement, je faisais carrément partie des 5 athlètes le plus performants de mon année. 🎠

Le château où j’ai habité pendant plusieurs années.
A l’origine, c’était la demeure du Prince Guillaume d’Orange… 

Militairement, il fallait tout apprendre pour savoir le faire soi-même, mais aussi pour pouvoir l’enseigner plus tard. Chaque année, j’ai monté automatiquement en grade. Cadet, cadet-caporal, cadet-sergent, cadet-adjudant… puis lieutenant. J’ai beaucoup de souvenirs de l’époque : Les 3 semaines dans le camp d’introduction… le biseautage inhumain d’une semaine… les 4 jours de marche de Nijmegen (160 km)… les 3 semaines où j’ai touché mes limites chez les commandos… la préparation sportive pour le pentathlon… les repas militairement orchestrés dans la grande salle du château… l’effort physique incessant… les champs de tir où je suis devenu lanceur de grenade et tireur d’élite… la visite à Sandhurst, l’Académie Militaire de l’Angleterre… les trajets en train vers la maison où je m’endormais… la peur que je sentais quand il fallait grimper très haut, sans ou avec peu de protection dans des tours, des cordes, des cours d’obstacles ou des montagnes… les manoeuvres éprouvantes de fin d’années… le froid parfois extrême pendant les manoeuvres… et j’en passe. Qu’est-ce que j’ai aimé être cadet, tout en ayant souvent peur de ne pas y arriver. J’étais très fier de mon uniforme et de faire parti d’une élite. 🎖

Je connaissais les hommes de ma formation comme personne d’autre. Nous avons souvent atteint nos limites ensemble. J’en ai vu souffrir et pleurer. Même après 40 ans, je fais encore aveuglement confiance à certains parmi eux. Il me semble que seulement une centaine parmi nous sont arrivés jusqu’au bout des études. Après l’académie, je suis devenu un bon officier et je me suis fait une très bonne réputation. Mais, la transformation intérieure me guettait déjà et je ne suis resté que très peu de temps dans l’armée. Je suis parti juste une ou deux semaines avant ma promotion de capitaine. J’y pense encore souvent avec nostalgie… j’en ai rêvé beaucoup… Je pense que c’était surtout la sécurité que me manquait pendant mes périples incertains, mais j’aimais profondément ma profession. Sans mon Ami et collègue de l’époque, je ne serais peut-être jamais parti. A part ceux qui ont quitté les rangs avant la fin, tous mes camarades de classe sont devenus des lieutenant-colonels, des colonels et des généraux. Mmmmmm… 🪖

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Dommage que je n’ai plus de photos. J’en avais de jolies… d’impressionnantes. Elles aussi sont parties avec le dépouillement. Bref, ma soif de liberté était certainement déjà trop fortement ancrée dans mon inconscient. C’est certainement pour cela qu’une fois parti, mes camarades de promotion ne m’ont pas trouvé pendant 35 ans pour m’informer des réunions qui avaient lieu chaque 5 ans. J’y suis retourné pour la première fois en 2016 quand un ami de mon année m’a informé du 7ème quinquennat. J’ai adoré posé les pieds à nouveau à l’intérieur du château après tant d’années. Beaucoup avait changé… c’était beaucoup plus cool… je me sentais très nostalgique. C’était drôle de revoir mes anciens camarades de promotion vieillis comme ça. Pourtant, dans leur caractère rien n’avait changé. J’ai trouvé chacun dans le même rôle que jadis. Certains ne m’ont pas tout de suite reconnu… Où sont passés tes muscles ils me demandaient ? Moi, j’avais changé et j’en été fier, très fier… 👴🏼

Avec le Covid, le 8ème quinquennat est repoussé à l’année prochaine, au début je pense. J’ai rejoint mes amis sur un groupe secret de Linkedin pour rester informé. Nous sommes 80, armée de terre et de l’air confondue, et il en manque quelques uns à l’appel… étonnamment surtout ceux dont j’étais le plus proche. J’ai toujours trouvé les cadets qui faisaient partis des armes comme moi (infanterie, cavalerie, artillerie) trop machos et grossiers et je me suis toujours mieux senti avec ceux des services (médicaux, communications, intendance, génie, etc). Au quinquennat dernier, chacun s’est trouvé, exactement comme à l’époque, dans son groupe d’affiliation habituel. J’ai très envie d’aller au prochain, puisque il est possible qu’avec notre âge certains n’arrivent pas jusqu’au quinquennat suivant. Bon, ça réveille… ça remue… ça me rend nostalgique… et c’est certainement en même temps un signe qui m’indique que je vais sur le continent bientôt ! 🇫🇷🇳🇱🇧🇪

Je vous souhaite une délicieuse journée, soirée ou nuit… où que vous soyez… 🤍💛🧡🤎❤️💚💙💜🖤 

Harry Bellafonte et Danny Kaye (Daniel Kaminsky)…
Un des très grands… danseur, chanteur, imitateur, comédien, acteur… !
J’adore cette version de Hava Nagila… 


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