Allonnes (72), France đ«đ·Â
Ăa a commencĂ© aux alentours de mes 13 ans. Je voulais de lâargent de poche et comme ma mĂšre ne mâen donnait pas, jâai cherchĂ© Ă en gagner. A cĂŽtĂ© du bijoutier oĂč elle travaillait en centre ville, il y avait un tabac. Un vrai, ils ne vendaient que des cigarettes, des cigares, du tabac pour pipes et tout ce qui se vend autour de ça. Le fils du patron, Peter, lavait des voitures des commerçants du coin et gagnait beaucoup dâargent de cette maniĂšre. Je trouvais ça gĂ©nial, alors, je me suis lancĂ© dans mon premier mĂ©tier ! đ
Jâai commencĂ© par appeler les amis de ma mĂšre et mes oncles et tantes. Je leur ai proposĂ© de venir laver leur voiture, Ă intĂ©rieur et Ă lâextĂ©rieur pour la somme de 3 florins et demi, un peu plus d’1 euro. Jâai pris lâhabitude de prendre rendez-vous avec mes clients le vendredi soir et partais le samedi matin vers 7 heures et demi sur mon vĂ©lo, muni de deux sceaux, du shampooing, deux Ă©ponges et un bon morceau de peau de chamois. đ
CâĂ©tait un travail dâathlĂšte. Chaque voiture me prenais exactement une demie heure et je tenais le sceau que j’utilisais Ă la main tout le temps. Jâallais trĂšs vite et la qualitĂ© Ă©tait telle, que rapidement je dĂ©passais les 50 clients. Je pouvais laver environ 12 voitures dans la journĂ©e et jâavais mĂȘme une partie de ma clientĂšle oĂč je pouvais aller sans rendez-vous. C’Ă©taient les commerçants que Peter m’a filĂ© quand il s’est arrĂȘtĂ©. Au bout dâun an jâai du  donner une partie de ma clientĂšle Ă deux de mes amis qui voulaient gagner des sous aussi. Ăa nâa pas marchĂ© pour eux. đ
Entre mes 13 et 17 ans, en 3 ans et demi, jâai lavĂ© 2400 voitures et gagnĂ© en total 12.000 florins. CâĂ©tait Ă©norme Ă lâĂ©poque. Le top Ă©tait de pouvoir en lustrer une. Je me rappelle dâune grosse mercedes 250S dont je mâoccupais ainsi deux ou trois fois par an. Je passais 3 fois dessus. Une fois pour la laver, ensuite avec un produit pour enlever la couche terne et abimĂ©e, puis la cire pour la rendre belle. Six heures non-stop Ă lâhuile de coude pour 50 florins (17 âŹ), produits compris. đ
A partir de mes 13 ans jâai payĂ© tous mes vĂ©los, mobylettes, motos et voitures de ma poche et jâen Ă©tais trĂšs fier. Fier⊠et pourtant⊠Depuis un certain temps, avec du recul, je me rends compte que câĂ©tait trop et trop tĂŽt pour le jeune garçon que j’Ă©tais. Comme je le dĂ©cris, ça donne un petit air romantique ou nostalgique. Mais câĂ©tait loin dâĂȘtre facile et jâai vĂ©cu une souffrance bien particuliĂšre qui mâa accompagnĂ©e pendant de longues annĂ©es. đ„
CâĂ©tait une souffrance liĂ© au temps. Laver une voiture Ă©tait rĂ©ellement trĂšs prenant physiquement et rapidement je percevais que les 30 minutes pendant lesquelles je lavais une voiture duraient trĂšs trĂšs longtemps, alors que les 30 minutes de pause qui me servaient pour me dĂ©placer dâun client Ă un autre, passaient Ă la vitesse de la lumiĂšre. Jâavais lâimpression de travailler sans relĂąche. Ma conscience du temps est nĂ©e Ă cette Ă©poque. đ€
Je parlais souvent de ma maniĂšre de vivre cette distorsion du « temps psychologique », comme ça s’appelle il me semble. Rapidement un autre aspect sây ajoutait, plus important encore : le temps passĂ© ne revenait pas. Et ça, câĂ©tait terrible pour moi. Pas tout de suite, mais avec des annĂ©es l’Ă©motion liĂ©e à ça devenait tellement fort que je ne savais pas comment la gĂ©rer. Je ne pouvais pas revenir en arriĂšre⊠Je nâarrivais pas Ă capter ce qui partait⊠Les secondes, minutes et heures se dĂ©robaient sous mes pieds et je ne pouvait rien y faire⊠Je me sentais impuissant et prisonnier du temps linĂ©aire qui avançait, avec un rythme soutenu, sans nĂ©gociation possible, vers une fin prochaine certaine. De ne pas pouvoir arrĂȘter ce mĂ©canisme me faisait profondĂ©ment paniquer. âł Â
(PâŠ.., quâest ce que jâaime nous Ă©crire ! Je suis assis dans le salon chez Nathalie qui est partie en formation. Un chat sur le canapĂ©, lâautre sur la table⊠Dora, la chienne contre moi sur lâautre canapĂ©. Parfois, je regarde par la fenĂȘtre du bureau de Nathalie pour regarder Sea Crest et Natolie. Sur la photo, Sea Crest me fait penser Ă un feuilleton que je regardais quand jâĂ©tais petit⊠Il fait bon dans la piĂšce grĂące au bon feu que jâai allumĂ© ce matin. Il nây pas de bruit, juste le son des bulles qui montent dans lâaquarium. De temps en temps j’entends le bruit d’une voiture qui amĂšne un cavalier dans le centre Ă©questre oĂč je suis. Je me rĂ©gale !)
Jâai lâimpression que par rapport au temps qui passe, il sâest passĂ© la mĂȘme chose quâavec ma vie intime. A force de chercher des solutions, je suis devenu quelque part spĂ©cialiste de mon problĂšme. Il me fallait longtemps, longtemps avant dâarriver Ă trouver le calme par rapport aux minutes qui disparaissaient inexorablement. Ce qui mâa sauvé⊠ce qui me permet encore aujourdâhui de vivre sereinement le temps qui file, est la conscience de lâillusion dont je fais partie. De savoir que ce que je vis nâest quâun âhologrammeâ bien rĂ©aliste, mâa libĂ©rĂ© de beaucoup des malaises et des peurs, dont celui du sablier⊠â°
Je suis lĂ depuis un certain temps certes, mais dans l’absolu le temps, comme l’espace n’existe pas. Il n’y a dans la rĂ©alitĂ© de l’UnitĂ© telle que je la perçois pas de dĂ©but, ni de fin⊠Le temps n’est pour moi qu’une illusion liĂ©e Ă la dualitĂ©. Ăa me calme et mâaide Ă accueillir mon processus physique de vieillissement et me prĂ©parer sereinement Ă la fin de mon corps physique. Mieux mĂȘme, je suis aujourdâhui curieux de demain⊠curieux de vivre ce chemin qui me mĂšne Ă la maison, seconde aprĂšs seconde. Jâen savoure de chaque instant de ce mĂ©canisme naturel. đ„
Je vis malgrĂ© ça encore des moments oĂč je ne suis pas encore tout Ă fait tranquille et oĂč jâai encore la sensation de âperdre du tempsâ, de âpasser Ă cĂŽtĂ© de la vieâ ou parfois mĂȘme encore âdâavoir besoin de capter le temps qui passeâ. Dans des moment comme ça, jâai du mal encore Ă mâasseoir tranquillement et mâabandonner au âgrand rienâ et laisser ainsi âfiler le tempsâ en conscience. đȘ
Câest lĂ oĂč jâen suis aussi de nos jours. Etant de plus en plus vraiment libre, pouvant disposer de mon temps comme bon me semble, je me trouve de plus en plus souvent simplement assis, tranquille, les yeux fermĂ©s, les jambes repliĂ©es⊠attentif Ă Ce Qui Est⊠Sachant que dans le fond, je n’ai rien Ă faire, aucun niveau Ă atteindre et nulle part Ă aller. Je suis juste prĂ©sent⊠sans aucune obligation qui pourrait me parasiter⊠sans aucun objectif Ă part la prĂ©sence elle-mĂȘme. Justement, il est 15 heures⊠Je nâai rien Ă faire⊠Je me sens heureux⊠Je vais me rejoindre Ă lâintĂ©rieur de mon ventre⊠Vous venez ? đđŒÂ
Douce journĂ©e Ă tous⊠â€đđđđđ€Â  Â
PS : Encore un film que jâai adorĂ©. Une belle histoire d’Amour et d’un rĂŽle qui oblige et enferme. đ đż
pas des obligations? quelle richesse
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Eh oui… ça n’a pas de prix đ Fijne dag jongen…
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Le temps ! On vit chaque instant en sa compagnie, on regarde le temps qui passe et pour attendre quoi ? Rien ! Car il appartient Ă l’infini le temps, il n’y a pas Ă courir aprĂšs, ni mĂȘme Ă le partager.
Pas mĂȘme avec une montre lorsqu’on l’attache au poignĂ©e le temps.
Alors offrons nous le temps, puis rendons lui sa libertĂ© sans l’avoir fractionnĂ©, sans l’avoir amputĂ©.
Qui nous rendra le temps que nous n’avons pas perdu ?
Eric
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De mon point de vue, j’aime le temps qui passe.
J’ai 46 ans et j’ai hĂąte d’atteindre la cinquantaine.
Je ne souhaite en aucun cas revenir en arriĂšre.
La seule angoisse que j’ai vis Ă vis du temps qui passe, et elle est de taille, concerne ma petite chienne.
Car ce temps qui passe est alors synonyme de sĂ©paration tĂŽt ou tard d’elle et moi.
Le petit garçon intérieur ne veut pas perdre son toutou adoré.
Je lui dis « je t’aime » plusieurs fois par jour, depuis des annĂ©es.
C’est exceptionnel de pouvoir dire « je t’aime » Ă quelqu’un tous les jours, sans la moindre crainte de rejet.
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Depuis quelques jours je suis chez ma fille. Dans la journĂ©e, les adultes sont au travail, les enfants Ă l’Ă©cole. Je reste seule Ă la maison avec les 6 chats et les 2 chiens et l’aquarium qui « glougloute ». Je ne sors pas : le temps est pluvieux. Je ne m’ennuie pas, bien que je le craignais. J’aide un tout petit peu au mĂ©nage. Le temps passe par petits moments de conscience du prĂ©sent : c’est apaisant. Je pourrais rester ainsi longtemps. En mĂȘme temps je sais que je vais me laisser appeler par « l’extĂ©rieur ». L’Ă©quilibre serait de garder mon « intĂ©rioritĂ© » toujours consciente mĂȘme Ă « l’extĂ©rieur ». Ă vivre…
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J’aime jouer avec le temps psychologique. Mais il faut que je fasse doucement car cela peut me donner le tournis. Le pire pour moi c’est de dĂ©placer le passĂ© Ă la place du futur et vice versa et de mettre le prĂ©sent sur moi. Cela me met en dĂ©sĂ©quilibre physiquement. Mais ce fut une expĂ©rience intĂ©ressante.
J’ai aussi fait l’expĂ©rience de l’Ă©ternitĂ©. Et je me suis rendue compte que lorsque je m’occupe de mon fils je vis l’Ă©ternitĂ© naturellement.
Et pourtant malgrĂ© le fait que je profite +++ de mon fils, j’ai moi aussi la nostalgie des jours passĂ©s. Dur de se dire que certaines choses ne reviendront pas. Le premier sourire, la premiĂšre fois oĂč il a tenu son biberon tout seul, les premiers mots un peu dĂ©formĂ©s, le fait de pouvoir lui faire un cĂąlin alors qu’il tient entier dans mes bras (Ă 8 ans il dĂ©passe de partout maintenant pendant les hugs đ ), la premiĂšre dent, se rendre compte que lorsqu’il a perdu sa premiĂšre dent de lait c’Ă©tait aussi la premiĂšre qui Ă©tait apparue… L’apprentissage de la lecture, du vĂ©lo… Et dĂ©jĂ j’ai la nostalgie des leçons de natation qu’il va bien quitter un jour vu que malgrĂ© sa peur qu’il avait Ă©radiquĂ©, qui est revenue, qui est repartie mercredi avec un travail de coaching et des techniques d’apprentissage accĂ©lĂ©rĂ©… bref çà avance. Il a Ă nouveau lĂąchĂ© sa frite dans l’eau, sautĂ© dans l’eau d’assez haut (avec la frite mais lundi dernier ne le faisait pas)… mon vĂ©cu cette semaine c’est piscine Ă fond. Et le temps Ă la piscine ? Et bien avec son papa on lui montre qu’il peut rester un petit temps sous l’eau parce que l’on peut rester sans respirer quelques secondes sans danger. Et qu’il est difficile de s’assoir au fond, que donc il est plus facile de flotter que de couler. Le temps… pendant ces sĂ©ances j’entre dans l’Ă©ternitĂ© du moment de m’occuper de mon fils. Le temps s’Ă©coule plus « normalement » pendant qu’il est avec le maĂźtre nageur.
Pendant que j’Ă©cris, je me sens me connecter Ă cette partie Ă©ternelle de moi, la partie en mĂ©ditation permanente. Et d’un coup tout se calme, futur et passĂ© disparaissent. Et l’envie de boire un thĂ© apparait. Bonne nuit !
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L’impression de perdre mon temps, de le laisser filer sans deuxiĂšme chance possible, de ne pas ĂȘtre lĂ entiĂšrement… Ma tĂȘte est souvent pleine de ces peurs.
Je savoure aussi d’ĂȘtre en prĂ©sence, vraiement avec moi, toute entiĂšre. Et ces temps sont prĂ©cieux.Je sens bien que c’est le vrai chemin, encore bien difficile pour moi.
Et je continue, et j’avance.
« Conscience de l’illusion dont je fais partie », je garde ces mots, j’Ă©coute leur rĂ©sonnace en moi.
J’ai des courses Ă faire ce matin, et sentant l’Ă©lan Ă lire tes derniers articles, je me suis donnĂ© ce temps, et je le savoure. Les courses viendront aprĂšs.
J’ai adorĂ© le film « Confident royal », que j’ai visionnĂ© Ă mon retour d’Inde. C’est la puissance de la confiance et de l’amour qui se construit entre ces deux ĂȘtre si diffĂ©rents qui m’a touchĂ©e.
Douce journée à toi, Michael.
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