Deux Israëls

Modi’in, Israël 🇮🇱

Je me suis trompé hier. Je pensais être en congé… alors j’ai tranquillement écrit mon article, fait ma lessive et carrément commencé à glandouiller, quand tout à fait fortuitement j’ai vu que c’était aujourd’hui mon « jom chofesj » et non pas hier. Une erreur tout à fait logique, car mon semainier sur l’ordi affiche le dimanche comme premier jour de la semaine, alors que visuellement et cérébralement j’ai l’habitude d’y voir le lundi. 

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J’ai rapidement appelé mon chef, qui lui était réellement et réglementairement en congé. Il l’a pris très bien et m’a proposé de venir aussitôt et de faire tranquillement mes huit heures. C’était 11 heures 40 quand j’ai dit « okay » et à 12 heures 50 j’ai mis mon doigt sur le scanner qui comptabilise mes présences. J’ai fait le trajet en un temps record grâce à l’application Moovit, qui m’a parfaitement guidé de bus en bus. 

Pour moi, Israël est un pays fondé sur le transport en bus. Dans mon enfance il y avait aussi beaucoup de scooters. J’ai toujours connu le pays comme ça. Dans mes souvenirs, c’est après une série d’attentats sur des bus que la vente des voitures a explosé. Même les scooters ont été abandonnés. C’était des cibles parfaites pour des snipers. Mais, il y a toujours encore énormément d’autobus et c’est vraiment mon moyen de transport préféré. 

Certes, c’est beaucoup plus lent que le train, mais j’y trouve l’ambiance que j’aime tant. En revanche, j’ai remarqué que ce n’est pas la peine de compter qu’ils soient à l’heure et parfois même qu’une ligne soit en activité. Je fais donc avec les bus comme Tarzan fait avec les lianes. J’avise au fur et à mesure. C’est plus facile grâce à Moovit. Jusque là, j’ai trouvé plusieurs combinaisons pour arriver à bon port, ou porte ! Et je suis sûr qu’il y en a encore d’autres.

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En me laissant ainsi absorber lentement par mon pays de naissance, je remarque de plus en plus qu’il y a en fait deux Israëls bien distincts. D’une part, il y a le pays qui est depuis si longtemps convoité et idéalisé par les juifs, mais aussi des non-juifs, un peu partout dans le monde. Pour eux, Israël est une sorte d’Eden où il est possible de vivre enfin sa différence en paix. Ceux là semblent solidaires, s’entraident, s’accueillent, savourent leur présence ici, cherchent à construire ensemble et prennent davantage soin l’un de l’autre et du pays.  

D’autre part, il y a ceux qui prennent tout ce qui est ici pour acquis. Pour eux, Israël est un pays comme un autre. Ils le salissent et se foutent royalement de ce qui va se passer ici. Ils s’agressent entre eux pour trois fois rien, ne pensent qu’à leurs propres interêts et sont la plupart du temps hautains, hostiles et/ou malhonnêtes. Bien évidemment que des attitudes et comportements pareils ternissent la réputation du pays.

Je n’ai pas l’impression que cette attitude de je-m’en-foutisme soit en lien avec la religion ou la culture des gens. J’ai l’impression que c’est la vie ici qui transforme les gens radicalement dans un sens ou dans l’autre. La vie est dure en Israël. Survivre financièrement est un art. Il y a une expression qui dit que pour avoir une petite fortune ici, il faut venir avec une grande.

Je pense que c’est peut-être l’éducation familiale, communautaire ou nationale qui fait que dans la lutte pour la survie, une partie des gens, je pense surtout à ceux qui ont des racines européennes, et qui vont plutôt chercher à collaborer… alors que d’autres, davantage les autochtones à mon avis, vont se bouffer le nez pour être sûr d’avoir leur part du gâteau. Et quand je dis autochtone, je ne fais pas de différence entre Israéliens, Palestiniens ou Arabes. 

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Heureusement, je ne suis pas dupe. Je l’ai déjà dit, mais je suis fier de constater à quel point toutes ses années oevrage-sur-moi portent leurs fruits. Je me sens heureux, à ma place et j’aime tout le monde, peu importe leur attitude ou comportement. J’arrive à garder le sourire et à offrir un mot gentil pour chacun avec qui je rentre en contact. C’est une sensation très satisfaisante qui me comble profondément.

En même temps, ce n’est pas pour rien que je perçois deux Israëls. Ce sont certainement deux facettes que j’ai en moi. Je sens bien que deux histoires se rencontrent dans mes profondeurs. J’ai vécu plus de 40 ans avec ma judaïcité en sourdine et j’ai appris à me relier aux autres indépendamment de toute religion reconnue. Pour moi, nous sommes indiscutablement Uni déjà… et je fais juste de mon mieux pour le vivre ainsi.

En même temps, je suis né dans ce pays qui existe uniquement grâce ou à cause des survivants juifs de l’holocauste. Ce pays, mon pays, est considéré comme un pays juif. Alors qui suis-je dans cette dichotomie ? Ça n’est certainement pas encore tout à fait clair en moi. Comment est-ce que je peux me positionner tel que je suis, dans un pays si teinté ? Je sens bien que mon défi se trouve là… dépasser « tout ça » et juste être cette magnifique version indépendante de MOI-M’AIME (que je perçois par moment), fidèle uniquement à l’Amour Vrai Inconditionnel et à l’Unité. 

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