Gerde (65), France 🇫🇷 

La nuit fut froide ! Je pense que la température est bien descendue en dessous du 0° ici sur le Col De La Palomière. J’ai ajouté une couverture par dessus la couette… puis avec six bougies pour m’endormir et six autres au réveil, je me suis senti en confort. J’ai beaucoup tourné hier pour trouver ce spot. En suivant mon ressenti, j’ai fait des trajets inutiles ou en double. 

Je suis le point rouge, juste sous Tarbes… ☺️ 

Dans ma tête je me répétais souvent que la destination n’avait aucune importance et que je vivais la grâce de pouvoir suivre mon intuition, mon ressenti, les signes, ou tout simplement mon envie. L’essentiel est que je me sente partout chez moi et en harmonie, que je bouge ou que je ne bouge pas. Je m’imagine que c’est avec cette richesse là que les gens du voyage grandissent. Ils savent que la terre leur appartient. Ils savent qu’ils sont partout chez eux. Ils le vivent ainsi… et je trouve ça extraordinaire. 

L’idée même que la nature puisse appartenir à l’Etat ou à un particulier est quelque part complètement incompréhensible pour l’homme simple que je suis. Chaque espèce a autant de droit sur la planète que nous. Pour moi, nous co-habitons dans un lieu où tout le monde est seulement de passage. Je passe, je me pose, j’utilise, je respecte, je partage, je prends soin… et je repars sans laisser de traces. Une sagesse que nous trouvons chez chaque animal, sauf chez l’humain. 

J’ai parcouru au moins 150 kilomètres au lieu de 70. Je me suis arrêté à 3 spots potentiels. A chaque fois le bruit de l’homme m’a fait décamper. L’homme fait du bruit, beaucoup et tout le temps, même silencieusement… la nature non. Avec autant de décibels, même plus, la nature reste discrète et en harmonie avec Ce Qui Est. Les espèces s’harmonisent entre elles avec une écoute parfaite. L’humain, sourd et déconnecté, dérange, s’approprie, casse, salit, use et crée des dégâts irréparables partout où il passe. 

Quand je suis arrivé sur le Col et que j’ai aperçu la vue, mon coeur disait WOW (World Of Wonders) ! A part deux voitures garées, le reste du plateau était vide. Je tourne toujours un petit peu pour trouver un emplacement discret, horizontal mais avec une belle vue quand-même. Une fois installé, je me réjouissais de me trouver seul devant ce panorama magnifiquement simple. 

Très vite j’ai compris que je m’étais trompé ! Mon-chez-moi-pour-une-nuit est en réalité un lieu très fréquenté. Comme c’est en plein milieu de nulle part, je me suis demandé d’où tous ces gens venaient. Ça n’a pas arrêté jusqu’au coucher du soleil ! Il y avaient des gens qui venaient simplement se poser avec leur voiture, directement tout près de la falaise, pour admirer la vue ou pour lire le journal… d’autres qui partaient en balade à pied à partir d’ici… des couples d’amoureux en voiture ou en moto qui s’enlaçaient, se bécotaient et se chuchotaient des douceurs dans l’oreille… un berger avec ses moutons qui est venu tondre ma pelouse… et au petit matin un peloton de chasseurs qui est resté pendant plusieurs heures à discuter, alors que leurs chiens courraient de partout.  

J’ai adoré ! C’était inattendu, mais c’était vivant. Je me suis trouvé en plein milieu de ce beau spectacle que j’ai pu admirer à partir de mon fauteuil à travers mon pare-brise. Si je pars vers le spot suivant, ce n’est pas à cause de l’animation. Non, j’ai juste envie de profiter des températures plus clémentes. L’hiver et le froid vont venir de toute manière, je n’ai pas besoin d’accélérer le processus en restant à la montagne. 

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