Paris (75), France đ«đ·
En tapant âSilenceâ dans le petit moteur de recherche de mon blog qui se trouve en bas de la colonne droite sur la page dâaccueil, je trouve dĂ©jĂ 5 autres articles que j’ai dĂ©diĂ© Ă ce sujet. Le plus pertinent date dâenviron un an et je lâai Ă©crit en Inde, dans lâashram dâAmma oĂč je suis restĂ© 5 semaines environ pour faire une retraite. đÂ
Le dĂ©sir de me taire est Ă nouveau lĂ . Ăa a commencĂ© avec la rencontre de Panchi qui mâavait expliquĂ© en chuchotant quâil avait choisi de ne plus parler pour Ă©viter de participer Ă la pollution verbale. Comme chuchoter lui demandait un effort supplĂ©mentaire, ça lâobligeait Ă bien rĂ©flĂ©chir si ce quâil allait dire valait vraiment la peine. đ
Je suis revenu Ă plusieurs reprises sur le silence car ma motivation de faire comme ce bel homme sage est grande. Jâavais mĂȘme achetĂ© une petite carte plastifiĂ©e pour accrocher Ă mes vĂȘtements pour indiquer Ă mon entourage que jâavais fait le mĂȘme choix que Panchi. Pourtant, je nâai jamais rĂ©ussi. đ€š
Oui⊠okay⊠pendant des pĂ©riodes oĂč je me trouvais uniquement avec moi-mĂȘme et que personne ne me sollicitait je ne parlais pas. Ces moments pouvaient durer parfois 3 ou 4 jours. Toutefois, il suffisait quâune personne sâapproche de moi et lâinterrupteur de mon dĂ©bit de parole se mettait sur ON pour sâarrĂȘter seulement quand la pile sâĂ©tait vidĂ©e. đ
Parfois je nâen pouvais plus de mâentendre. MĂȘme si jâai appris Ă ne plus rĂ©pĂ©ter systĂ©matiquement les mĂȘmes phrases et Ă exprimer des propos de plus en plus de maniĂšre vivante et douce, je sentais bien que câĂ©tait trop⊠vraiment trop. Dâailleurs, je pense que mon entourage est restĂ© trĂšs poli en mâaccueillant avec ma blablaterie. đŁÂ
Avec certains, jâai vĂ©cu la patience de leur Ă©coute carrĂ©ment comme une preuve dâAmour apaisante et rĂ©paratrice par rapport Ă ce que jâai pu vivre depuis mon enfance. La plus grand partie de mon existence je ne me suis pas senti entendu du tout. Dâailleurs, jâai des gencives qui se sont rĂ©tractĂ©es il y a longtemps dĂ©jĂ . Ăa arrive Ă des personnes que lâon n’Ă©coute pas et qui du coup en âont plein la genciveâ. đ
Le fait de ne pas avoir Ă©tĂ© entendu a eu une grande influence sur mon expression. Moins les gens mâĂ©coutaient, plus jâinsistais⊠Je me rĂ©pĂ©tais, je montais le volume, je tentais de mieux capter lâattention⊠avec de lâhumour par exemple. Quoi que je fasse, plus jâinsistais, moins jâĂ©tais entendu. Câest tout simplement lâeffet de la loi dâattraction. Je crĂ©e la suite de mon histoire Ă partir de ce que je vis dĂ©jĂ ! đ
Câest aprĂšs mon expĂ©rience dâĂ©veil que je n’ai plus senti le besoin de me dire. Un peu logique je dirais. Le bonheur avait rempli mon ĂȘtre. Pourtant, câest Ă ce moment-lĂ que les gens ont commencĂ© Ă mâĂ©couter⊠et mĂȘme Ă me payer pour ça ! Câest la mĂȘme loi Ă lâoeuvre. Dâailleurs, câest souvent quand je nâai plus vraiment besoin dâune chose que jâen reçois en abondance⊠DĂ©routant parfois, quand-mĂȘme. đ
Aujourdâhui le silence sâimpose comme une rĂ©ponse Ă©vidente au dĂ©bordement, Ă lâenvahissement et Ă lâintrusion… dont je parlais dans mes articles prĂ©cĂ©dents. Avec ma partenaire du moment, nous faisons tout pour rester dans notre territoire verbal. Ăa aide beaucoup pour rester en mĂȘme temps dans celui du physique, du psychologique et de lâaction. đ€
Hier, je me suis entendu inviter ma co-exploratrice Ă rester carrĂ©ment dans le silence⊠et Ă ne plus parler du tout. Lâintention nâĂ©tait pas seulement dâĂ©viter un Ă©ventuel dĂ©bordement ou de crĂ©er un espace pour calmer les Ă©motions, mais aussi pour lâobliger Ă dĂ©velopper dâautres sens afin de pouvoir entrer dans une Ă©coute plus subtile nĂ©cessaire Ă lâexploration alchimique⊠et ainsi sortir des habitudes Ă©tablies depuis trĂšs trĂšs longtemps. đ
Jâai reconnu et pris lâinvitation pour moi-mĂȘme aussi bien Ă©videmment, et ce matin je me suis carrĂ©ment levĂ© sans arriver Ă formuler des mots dans ma bouche. Le silence est venu me chercher⊠enfin ! Si je crois Ă lâeffet papillon, ça va faire du bien au monde entier⊠Je ne sais pas combien de temps ça va durer. Jâaimerais bien que cela dure assez longtemps pour que jâarrive Ă utiliser mes mots avec plus de douceur, de discernement, de parcimonie et de sagesse. đ
Vous connaissez certainement lâexpression : âSi ce que tu vas dire nâest pas plus beau que le silence, ne le dis pas !â Câest plus facile Ă dire quâĂ faire⊠Mes rĂ©flexes reviennent souvent au galop. Il est important que je me souvienne bien pourquoi jâai besoin dâĂ©conomiser ma salive. Il ne sâagit pas de me museler⊠ah non, surtout pas. Il sâagit de rester bien chez moi et de mieux occuper mon territoire⊠puis de dĂ©velopper mon Ă©coute subtile⊠đ
Pour combien de temps ? Je ne sais pas. Peut-ĂȘtre le miroir me dira de changer dans quelques heures dĂ©jĂ . Quoi quâil en soit, mardi soir jâanime une causerie⊠un rendez-vous verbal mâattend donc de toute maniĂšre. Qui sait, peut-ĂȘtre je tiendrai jusque là ⊠âșïžÂ
Jâaime beaucoup cette histoire qui va dans le mĂȘme sens :Â
Socrate avait dans la GrĂšce antique une haute rĂ©putation de sagesse. Quelqu’un vint un jour trouver le grand philosophe et lui dit : « Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami ? »
– Un instant, rĂ©pondit Socrate, avant que tu ne me racontes tout cela, j’aimerais te faire passer un test trĂšs rapide. Ce que tu as Ă me dire, l’as-tu fais passer par le test des trois passoires?
– Les trois passoires?
– Mais oui, reprit Socrate. Avant de raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l’on aimerait dire. C’est ce que j’appelle le test des trois passoires. La premiĂšre passoire est celle de la vĂ©ritĂ©. As-tu vĂ©rifiĂ© si ce que tu veux me raconter est vrai ?
– Non, pas vraiment. Je n’ai pas vu la chose moi-mĂȘme, je l’ai seulement entendu dire…
– TrĂšs bien ! Tu ne sais donc pas si c’est la vĂ©ritĂ©. Voyons maintenant. Essayons de filtrer autrement, en utilisant une deuxiĂšme passoire, celle de la bontĂ©. Ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bien ?
– Ah non ! Au contraire ! J’ai entendu dire que ton ami avait trĂšs mal agi.
– Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n’es pas sĂ»r si elles sont vraies. Ce n’est pas trĂšs prometteur ! Mais tu peux encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l’utilitĂ©. Est-il utile que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ?
– Utile ? Non pas rĂ©ellement, je ne crois pas que ce soit utile…
-Alors, de conclure Socrate, si ce que tu as Ă me raconter n’est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ? Je ne veux rien savoir et, de ton cĂŽtĂ©, tu ferais mieux d’oublier tout cela !   Â
DĂ©licieuse journĂ©e Ă tous⊠à demain đ»đ»đ»đ»đ»đ»đ»đ»đ»
Bonjour Michaël
Ton message m’inspire et m’habite de plus en plus souvent quand je suis en relation. Merci pour le rappel de l’histoire de Socrate. Je cherche souvent comment me sortir d’une discussion on l’on parle de… Bien avant de voir si c’est vrai, bien et utile. J’aime cette notion de mieux occuper mon territoire.
Belle journée
Laurence
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Merci pour ce doux retour Laurence… belle journĂ©e Ă toi aussi âșïž
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