Taillefer (09), France đ«đ·
Ce nâest pas si simple que ça pour moi, d’accompagner autant de femmes. Cela peut peut-ĂȘtre correspondre Ă des fantasmes de certains ou peut-ĂȘtre mĂȘme aux miens, dans ma jeunesse, mais mon goĂ»t et mes critĂšres en matiĂšre de compagnes potentielles sont assez particuliers et limitĂ©s. Câest trĂšs trĂšs rare que je rencontre une femme qui me plaise dâemblĂ©e. Souvent, dâabord un lien se crĂ©e pour des raisons alĂ©atoires, puis une relation commence et seulement le temps passant, jâapprends Ă lâapprĂ©cier, Ă lâaimer, Ă aimer son corps, son odeur et sa maniĂšre de faire et dâĂȘtre. đ
Les stages de Tantra mâont beaucoup aidĂ© dans certains aspects de ma relation aux femmes. Jâai surtout appris Ă calmer mon obsession masculine pour leur sexe et Ă les voir au-delĂ dâune Ă©ventuelle attirance physique. Si au dĂ©part, je nâallais que vers des femmes qui me plaisaient et dont jâĂ©tais plus ou moins sĂ»r quâelles allaient mâaccueillir⊠vers la fin, 5 ans plus tard, je pouvais choisir de faire des structures intimes et engageantes avec nâimporte qui, mĂȘme avec des hommes⊠et mĂȘme si je savais dâemblĂ©e que je ne plairais pas au partenaire de mon choix. đ Â
Mon apprentissage le plus grand et le plus engageant a eu lieu pendant une pĂ©riode qui a durĂ© environ 6 mois, vers 2014 je pense, oĂč jâai aidĂ© une femme handicapĂ©e comme assistant sexuel. Mon Ă©lan est venu lors dâune soirĂ©e organisĂ©e Ă Valbonne par une Amie, Nathalie Giraud. Pour mâaider Ă me changer les idĂ©es aprĂšs une rupture douloureuse, elle mâavait invitĂ© Ă participer Ă la projection dâun court mĂ©trage intitulĂ© âLâassistanteâ. đ
Le film Ă©tait trĂšs court, en effet⊠et suivi d’une collation oĂč Ă©taient prĂ©sents les acteurs, mais aussi lâassistante elle-mĂȘme dont parlait le documentaire. Jâavais Ă©tĂ© profondĂ©ment touchĂ© par lâĂ©lan de cette femme et par sa capacitĂ© Ă donner autant de soi sans tenir compte des apparences. Je suis allĂ© la voir pour tĂ©moigner mon admiration et mon respect. Plus tard, en partageant avec Nathalie dans la voiture, je lui ai dit que lâidĂ©e me plaisait beaucoup mais que je nâavais pas assez dâAmour en moi pour offrir tant. Elle mâa juste dit quâelle pensait le contraire et que lâoccasion pourrait trĂšs bien se prĂ©senter bientĂŽt. âïžÂ
Jâai trouvĂ© la bande annonce⊠pas le film complet đ
C’est deux ans plus tard je pense, que jâai reçu un message Ă©crit inhabituel par Skype. Jâai rapidement compris que câĂ©tait une personne handicapĂ©e qui avait certainement reçu mes coordonnĂ©es par Nathalie et qui âtĂątait le terrainâ. AprĂšs quelques Ă©changes Ă©crits nous nous sommes enfin parlĂ©s de vive voix. Je me sentais aussi prudent et mĂ©fiant quâelle et jâavançais tout en freinant. Dâun cĂŽtĂ©, je sentais lâenvie de vivre lâexpĂ©rience, lâenvie dâaider et d’offrir Ă cette femme quelque chose quâelle mĂ©ritait autant que les autres. D’un autre cĂŽtĂ©, je sentais une sorte de rĂ©pulsion⊠car je me connais et je savais que jâallais me frotter Ă ma sensibilitĂ© quant Ă lâapparence des femmes. đŁ
Elle me payait 120 euros et je restais entre 3 et 4 heures avec elle. Jâaurais pris moins ou mĂȘme rien, mais jâai compris que câĂ©tait le tarif habituel et quâil Ă©tait important quâelle me paye. Ăa allait aider Ă maintenir le cadre entre nous. Pendant ma premiĂšre visite chez elle nous avons beaucoup parlĂ© et jâai rapidement compris Ă quel point cette dĂ©marche Ă©tait pĂ©nible pour elle et en mĂȘme temps si essentielle. Je nâĂ©tais pas le premier assistant quâelle avait connu. Elle mâa dit quâelle avait peur parce que mon prĂ©dĂ©cesseur Ă©tait surtout venu pour abuser dâelle. Tout ce quâelle mâa racontĂ© ce premier jour mâa tellement touchĂ© que jâai senti mes barriĂšres et rĂ©sistances fondre dâelles-mĂȘmes. đ
Il Ă©tait clair Ă mes yeux quâelle avait besoin dâabord de se sentir en sĂ©curitĂ© pour pouvoir ensuite explorer, dĂ©couvrir, toucher et ĂȘtre touchĂ©e⊠et vivre ainsi du plaisir en toute simplicitĂ©, comme nâimporte quelle autre femme. Ce nâĂ©tait pas simple du tout. Certes, jâavais lâavantage de mon expĂ©rience tantrique, mais je ne me suis jamais trouvĂ© dans une situation pareille. Mon seul recours a Ă©tĂ© ma spontanĂ©itĂ© naturelle… le prĂ©dĂ©cesseur de ma folie actuelle. Alors, dâemblĂ©e je lui ai demandĂ© ce quâelle avait envie de vivre et quâelle nâavait jamais osĂ© demander. đ
AprĂšs avoir insistĂ© un petit peu, elle a fini par mâavouer quâelle rĂȘvait depuis toujours de prendre un bain Ă deux et quâelle nâa jamais osĂ© exprimer ce dĂ©sir. Alors, je suis allĂ© inspecter sa baignoire et jâai dĂ©crochĂ© les appareils qui lui permettaient de se laver habituellement. Jâai mis de lâeau chaude et des bulles et je suis retournĂ© la voir. Il fallait que je trouve rapidement un scĂ©nario nous permettant dâatterrir Ă deux dans le bain en toute sĂ©curitĂ©, tout en lui faisant vivre du plaisir et oublier son handicap. đ
Ce nâest donc pas celui que jâai vu⊠mais je le trouve touchant aussiâŠÂ âșïžÂ
Alors, sachant quâelle nâavait jamais fait cette expĂ©rience non plus, je me suis postĂ© devant son fauteuil roulant, tout prĂšs dâelle en lâinvitant Ă oser ĂŽter mes vĂȘtements. Jâai fermĂ© les yeux pour quâelle puisse se sentir plus Ă lâaise et je me suis laissĂ© effeuiller, tĂąter et dĂ©couvrir. Jâai senti ses Ă©motions⊠gratitude, excitation, Ă©merveillement, Ă©bahissement⊠Jâai reçu ses compliments quant Ă mon corps, que malgrĂ© mon Ăąge elle trouvait beau⊠Je me suis senti touchĂ© au coeur, par cette petite femme avec ses jambes arquĂ©es, son strabisme, sa voix nasale et hĂ©sitante, sa peau rĂȘche et sa bouche qui bavait parfois. â€ïžÂ
Elle voulait marcher toute seule vers la baignoire, avec ses bĂ©quilles. Ăa a pris du temps et jâĂ©tais sur le qui-vive, prĂȘt Ă intervenir au cas oĂč. Pour lâaider Ă entrer dans le bain câĂ©tait vraiment un dĂ©fi, car une fois allongĂ©e je ne pouvais pas la laisser, puisquâelle glissait au fond de la baignoire, qui pourtant nâĂ©tait pas bien grande. Alors, tout en la tenant, j’ai pu me glisser dĂ©licatement derriĂšre elle et nous avons passĂ© ainsi un moment de tendresse pendant une bonne heure. đ
Je suis allĂ© la voir tous les quinze jours Elle me recevait toujours dans sa chaise roulante habillĂ©e simplement dâun haut dâune tunique amĂ©rindienne en cuir avec des franges. Elle se mettait un parfum agrĂ©able, doux et sucré⊠et Ă chaque visite, le clic-clac Ă©tait dĂ©jĂ dĂ©pliĂ©, les rideaux tirĂ©s et lâhuile de massage Ă portĂ©e de mains. Pour avoir son plaisir câĂ©tait facile. Elle adorait me toucher, me masser ou juste sâallonger contre moi. Son dĂ©sir montait quasiment tout seul⊠et seulement Ă la fin je lâaidais pour vivre son moment Ă fond. Elle sâest dĂ©couverte multi-orgasmique et femme fontaine⊠Mmmmmm… pas si handicapĂ©e que ça, finalement. âČïž
Elle Ă©tait passionnĂ© par les indiens. Il y avaient des statues, des images et des objets un peu partout dans son appartement. Câest pour ça que je lâappelais Pocahontas. Jâai arrĂȘtĂ© de la voir parce que lâascenseur de son immeuble allait ĂȘtre rĂ©parĂ© et elle allait vivre pendant un temps chez sa mĂšre. Je pense que par la suite, elle nâa peut-ĂȘtre pas osĂ© me recontacter. Je garde un beau souvenir dâelle. Pocahontas mâa appris Ă voir davantage avec le coeur et moins uniquement avec les yeux… et Ă lâouvrir un peu plus encore. Peut-ĂȘtre juste assez pour que je puisse par la suite accueillir toute sorte de femmes diffĂ©rentes comme je le fais actuellement. đ©âđаđ”đŒđžđ©đŸâđб
Je me souviens dâun compliment quâelle me faisait rĂ©guliĂšrement. Il mâallait droit au coeur… et encore aujourdâhui ça me touche quand jây pense. Elle me disait, pleine de gratitude et dâĂ©motion, quâen ma prĂ©sence elle ne se sentait pendant un petit laps de temps plus handicapĂ©e. Pas besoin de vous dire lâeffet que ça me faisait, nâest-ce pas ? đąÂ
Je pense souvent Ă elle et Ă cette pĂ©riode. Je pense que c’est beaucoup grĂące Ă elle et cette expĂ©rience que j’ai appris Ă toucher la Femme au delĂ de son corps et au-delĂ de son apparence… peut-ĂȘtre avec un peu plus dâAmour « avec un grand A »… Merci Pocahontas… ââ€ïžâÂ