Toujours quelque chose

Die (26), France đŸ‡«đŸ‡·

C’est Ă  ça que je pensais ce matin en me rĂ©veillant, voyant les montagnes dioises ensoleillĂ©es par la fenĂȘtre. Il y a toujours quelque chose relativement important qui absorbe mon attention et qui alourdit inutilement mon existence. Quand j’étais un peu plus jeune je ne le voyais pas, car ça se fondait dans ma routine quotidienne
 les Ă©tudes, le travail, le sport, les amis, les vacances. C’était plutĂŽt normal d’ĂȘtre absorbĂ© par une prioritĂ© quelque part
 🎯

J’ai remarquĂ© ce phĂ©nomĂšne pour la premiĂšre fois chez mon pĂšre quand j’étais encore jeune et que je l’ai revu Ă  Amsterdam aprĂšs 13 ans de sĂ©paration. Il Ă©tait venu d’IsraĂ«l pour me voir et j’avais attendu ce moment depuis longtemps. Ma dĂ©ception fut foudroyante quand je constatais que depuis le dĂ©but je ne semblais pas vraiment l’intĂ©resser. Quand nous partions en ville il mettait toute son attention uniquement dans sa recherche de lunettes, de chaussures et un cadeau pour mon demi-frĂšre et demi-soeur. Tout tournait autour de ça. đŸ˜©

D’ailleurs, quand il est reparti je lui ai Ă©crit une lettre dans laquelle j’ai exprimĂ© la dĂ©ception Ă©norme que j’avais vĂ©cue et de quelle maniĂšre il Ă©tait tombĂ© de son piĂ©destal. Je l’ai jugĂ© tellement fort que cette lettre est restĂ©e prĂ©sente pendant toute la durĂ©e de notre relation. Il l’appelait mon “masterpiece” en me disant qu’il Ă©tait heureux que ma mĂšre de son vivant ne l’aie jamais lue car elle aurait certainement eu honte de moi. Quand je lui ai rĂ©pondu que c’était tout le contraire et qu’elle Ă©tait trĂšs fiĂšre que j’ose dire Ă  mon pĂšre ce que je sentais et qu’elle avait fait lire la lettre Ă  toutes ses copines, il ne voulait pas me croire. 😏

A l’époque je ne savais pas encore qu’à force de ne pas vouloir devenir comme mon pĂšre j’allais lui ressembler de maniĂšre Ă©poustouflante comme deux gouttes d’eau. MĂȘme s’il n’a jamais Ă©tĂ© lĂ  et que je ne pouvais pas le mimer, j’avais des comportements, des habitudes et des rituels comme lui. Ma maniĂšre un peu typique de manger des cacahuĂštes ou de mettre ma chemise dans mon pantalon ne sont que quelques exemples anodins car je suis carrĂ©ment devenu aussi manaique et manipulateur que lui.đŸ€Ș

Un exemple flagrant de notre ressemblance s’est produit un jour quand j’étais en Israel pour lui rendre visite. Il venait de garer sa voiture et je marchais avec sa femme un peu devant lui vers l’appartement, quand je lui ai dit que mon pĂšre allait certainement faire demi-tour pour dĂ©placer sa voiture de deux mĂštres. J’avais Ă  peine fini ma phrase qu’il retourne pour faire ce que j’avais dit. Elle m’a demandĂ© comment je savais qu’il allait faire ça, car apparemment la voiture Ă©tait parfaitement garĂ©e. Je lui ai dit tout simplement qu’à sa place j’aurais fait pareil. 😌

C’est beaucoup plus tard, vers mes 40 ans, que j’ai acceptĂ© enfin que j’étais le fils de cet homme et que c’était normal et okay pour moi d’ĂȘtre comme lui. C’est Ă  partir de ce moment que j’ai commencĂ© Ă  sortir des problĂšmes avec mon entourage, les femmes, les maladies, l’argent et moi-mĂȘme. C’était les mĂȘmes problĂšmes que les siens
 Ça m’a pris des annĂ©es de travail ardu sur moi pour traverser son histoire qui s’imbriquait dans la mienne. C’est Ă  peine depuis quelques annĂ©es que mon corps, mon mental, mon entourage et ma vie ont fini par se dĂ©tacher de lui et que j’ai commencĂ© enfin Ă  avoir ma propre identitĂ© d’homme. 🌞

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Bref, tout ça pour dire que comme mon pĂšre j’ai toujours quelque chose qui me prĂ©occupe suffisamment pour absorber beaucoup de mon attention. C’est une facette de ma personnalitĂ© qui n’est pas partie avec la thĂ©rapie, mon cheminement spirituel ni la libertĂ© que j’ai acquis rĂ©cemment. Certes, c’est beaucoup moins frĂ©quent qu’avant
 mais ça arrive encore que je me crĂ©e une espĂšce de mission pour faire ou obtenir quelque chose
 et que je cherche jusqu’au moment oĂč je rĂ©ussis. 🙃

Ça peut ĂȘtre n’importe quoi. Ces derniers temps par exemple, j’ai eu ce comportement concernant une paire de chaussures trĂšs prĂ©cises, un chargeur solaire, un sac Ă  dos, un blouson d’hiver, un Thermos, une oreillette bluetooth, ma carte de fidĂ©litĂ© SNCF, un forfait tĂ©lĂ©phonique international
 et aujourd’hui il s’agit d’un chariot de randonnĂ©e et l’éventualitĂ© de faire chemin de Saint Jacques de Compostelle. 🙃

Depuis un certain temps, quand je vais jusqu’au bout de ma quĂȘte, je me rends compte aprĂšs coup de plus en plus souvent que je n’ai en fait mĂȘme pas besoin de l’objet qui m’a subjuguĂ© pendant un moment et je finis par l’offrir Ă  quelqu’un. Aujourd’hui je connais bien ce mĂ©canisme chez moi et je l’interromps rapidement et facilement pour laisser la place Ă  la simplicitĂ©, l’acceptation de ce qui est
 puis je laisse le temps Ă  la vie de faire son oeuvre. 😌

Si j’ai vraiment besoin d’un objet, de faire quelque chose ou de rencontrer quelqu’un, il suffit que je patiente un tout petit peu et la Vie finit par me l’apporter sur un plateau. Quand je regarde en arriĂšre et que je constate le temps que j’ai perdu et les efforts que j’ai fait inutilement
 pour des bĂȘtises en fin de compte. Bien Ă©videmment, tout avait son sens Ă  ce moment là
 mais quand-mĂȘme. 😏

C’est comme si mon mental avait besoin systĂ©matiquement d’occuper mon esprit. Je me souviens un jour, il y 15 ans environ, je n’avais rien Ă  faire et j’ai commencĂ© Ă  fouiller dans les dossiers systĂšme de mon PC. A force de chercher, j’ai fini par le bloquer complĂštement et j’ai passĂ© deux jours et deux nuits Ă  le remettre en Ă©tat. D’accord c’est un peu extrĂȘme
 mais pas du tout un cas isolĂ© de mon histoire. 😅

Il reste encore un rĂ©sidu de cette manie
 plus suffisant pour que ça soit un problĂšme
 mais encore assez pour que je me lance le dĂ©fi de laisser faire les choses jusqu’au bout et de dĂ©cider au dernier moment
 de me contenter de ce que j’ai sachant que j’ai tout ce qui me faut
 de laisser l’espace Ă  la Vie de prendre soin de moi et de quitter dĂ©finitivement ce besoin rĂ©siduel de consommer, de produire, d’organiser, d’anticiper et de m’occuper. 😍 

Je constate Ă  quel point l’absence de ces prĂ©occupations inutiles me permet d’ĂȘtre vraiment prĂ©sent Ă  mes co-voyageuses avec tous mes sens et mon coeur
 Cette qualitĂ© de prĂ©sence est l’essentiel qui reste, et en ce qui me concerne, la seule chose qui compte dans une relation et peut-ĂȘtre mĂȘme dans la VIE-mĂȘme. ❀ 

Douce journĂ©e Ă  tous â€đŸ’›đŸ’šđŸ’™đŸ’œđŸ–€Â   

2 commentaires sur « Toujours quelque chose »

  1. Cette phrase rĂ©sonne en moi trĂšs justement….ouvrir grand son coeur et n’attendre personne MAIS…si belle est la quĂȘte…dure est la lutte ou plutĂŽt incomprĂ©hensible est la grĂące qui me permet parfois de trouver la clĂ© qui ouvre la porte des Dieux ….AmitiĂ© ..sur le chemin..

    Aimé par 1 personne

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