Cancale (35), France đ«đ·Â
Ăa fuse dans ma tĂȘte. Un peu plus que dâhabitude. Je me demande depuis toujours : Pourquoi est-ce que je vis ce que je vis ? Pourquoi moi ? Quâest-ce qui se passe rĂ©ellement ? Quel est le sens derriĂšre tout ça ??? Plus jâavance et plus je dĂ©couvre. Chaque dĂ©couverte me permet de me rĂ©parer et de changer. Avec le temps mes questions trouvent leurs rĂ©ponses. Et câest dĂ©routant⊠de plus en plus ! đ
Je vois les gens passer devant moi, depuis longtemps et partout oĂč je vais. Ils se promĂšnent, vont travailler, construisent, achĂštent, mangent, dorment, baisent⊠Ils sâoccupent , ils sâaffairent, ils courent⊠tout le temps. Pour se distraire, ils partent en vacances, se munissent des derniers gadgets et accumulent des choses. Partout oĂč je vais, je vois la mĂȘme chose. Partout je vois les gens dans leur caverne de Platon, pensant quâils sont en train de vivre le progrĂšs, de vivre quelque chose de formidable⊠đ
De ma fenĂȘtre câest triste et morne⊠et non seulement parce quâils ne se rendent pas compte, mais aussi parce quâils revendiquent ce quâils vivent comme une rĂ©ussite. Ensemble, comme un espĂšce de tourbillon de modernitĂ© je vois lâhumain sâengouffrer de plus en plus dans une voie sans issue et dâoĂč le retour devient quasiment impossible. đ
Et dĂ©trompez vous, jây inclus la plus part de gens qui pensent cheminer spirituellement, peut-ĂȘtre mĂȘme vous. La spiritualitĂ© et le dĂ©veloppement personnel sont devenus rien dâautre quâune denrĂ©e commerciale. Je vois les gens dans la caverne, dans leur petite boite, en train de sâagiter sans se rendre compte quâils ne font que cogner les parois de la boite⊠sans jamais en sortir. đÂ
Hier, jâai voyagĂ© le soir et la nuit pour arriver Ă Cancale oĂč je voulais voir quelquâun avant quâelle parte en vacances. En chemin il y avait plein de carrefours bloquĂ©s par des manifestants qui rĂąlaient contre la hausse de prix du diesel. De mon point de vue câĂ©tait complĂštement inutile et ça mâa carrĂ©ment fait de la peine de voir cette impuissance Ă lâoeuvre. CâĂ©tait comme dans un Ă©levage industriel de poules oĂč les poules se rebiffent contre leur condition de vie en faisant plus de bruit et plus de merde⊠à la fin elles finissent comme toujours Ă lâabattoir. đÂ
Nous avons, il y a longtemps Ă©changĂ© notre pouvoir de dĂ©cision contre un semblant de sĂ©curitĂ© Ă un chef de village, un maire, un roi ou Ă lâĂ©tat. La famille a perdu sa place et lâindividu a perdu ainsi le terreau fertile lui permettant dâĂ©voluer sainement. Quelque part dans notre histoire nous avons fait le mauvais choix. Nous nous sommes laissĂ©s sĂ©duire par lâĂ©phĂ©mĂšre comme la technologie, le confort, les possessions et le pouvoir et nous avons ainsi perdu lâessentiel, dont notre originalitĂ© et notre puissance. đ
Quelquâun mâa offert il y a deux mois un livre audio, Sapiens. Je lâai Ă©coutĂ© petit Ă petit. Je le trouvais intĂ©ressant et jâai surtout Ă©tĂ© confortĂ© dans ma vision, mĂȘme si lâapproche me semblait plus traditionnelle que spirituelle. Jâai vraiment lâimpression que nous sommes venus ici sur cette terre pour jouer un jeu et au lieu de jouer, nous passons notre temps Ă admirer le plateau, dâajouter des piĂšces, de changer les rĂšgles et de fĂ©dĂ©rer des joueursâŠ. mais, nous nâavons toujours pas commencĂ© Ă jouer. đ€Ș
Et ça se voit, car notre jeu se corrompt de plus en plus. Notre scĂšne, la terre, certes illusoire, montre des pathologies graves et ses habitants disparaissent Ă une vitesse folle, laissant leur place au prĂ©dateur le plus redoutable qui soit, lâĂȘtre humain. Face à ça, en tant quâhomme je me sens dĂ©muni. Câest mon miroir Ă moi aussi et il me pousse Ă jouer le jeu pour de vrai, Ă sortir davantage de ma boite et entrer de plus en plus dans la vraie libertĂ©, afin de prendre ma juste place et vivre mon plein potentiel. Si je fais ça, mon miroir sây adaptera⊠đ
Pour moi, ma juste place aujourdâhui est dans la grande famille. Câest lĂ oĂč je sens que je peux vivre mon plein potentiel. Je suis ravi de lâĂ©lan auquel je participe et de co-crĂ©er avec dâautres les circonstances qui permettent de faire marche arriĂšre et de faire un nouveau choix. Un choix oĂč lâessentiel retrouve sa place et oĂč lâĂ©phĂ©mĂšre reste Ă©phĂ©mĂšre. La prochaine rĂ©union est dĂ©jĂ dans 5 jours⊠âșïžÂ
LĂ , je suis assis sur un banc public devant le port. Il y a un beau soleil avec un bon petit vent. Il y a beaucoup de gens qui en profitent. Les restaurants sont pleins et je vois des groupes de gens manger des huitres au bord des quais. Des voix viennent de partout. Je me sens bien ici. En arrivant vers 2 heures du matin, jâai trouvĂ© une place tranquille sur un parking Ă quelques pas dâici et je pense que je resterai encore une nuit avant de mâaventurer un peu plus vers le sud, vers plus de chaleur. đ„
Magnifique journĂ©e Ă tous đšđšđšđđđÂ
Je suis toujours surprise de ce que tu Ă©cris quand tu parles des gens. C’est tellement loin de ce que je vois de ma fenĂȘtre. Dans mon village, les gens vivent en harmonie, ne cancanent pas. Ils font du mieux qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont, et leur vie est loin d’ĂȘtre morne. Dans ce village, les gens ont des vies pĂ©tillantes, colorĂ©es, marquĂ©es par la joie de vivre. Oui il y a la vie de tous les jours, avec ce qu’il y a Ă faire. Mais ils rendent tout cela joyeux. Quand quelqu’un a un coup de mou Ă l’Ă©cole, les autres mamans aident et remontent le moral, donnent de l’Ă©nergie voire mĂȘme un coup de main. Les papas se prĂȘtent des outils, s’entraident au bricolage. Tout cela est souvent accompagnĂ© par des Ă©clats de rire. Les enfants se retrouvent chez les uns et les autres et jouent. Ils ne font pas de dĂ©veloppement personnel, mais il faut dire qu’ici ils n’en ont pas besoin. Et dans la ville Ă cĂŽtĂ©, oĂč je me rends pour les activitĂ©s de mon fils, c’est la mĂȘme chose. MĂȘme Ă Antibes oĂč les gens sont pourtant plus agressifs je retrouve cet Ă©tat d’esprit dans l’immeuble oĂč vit ma mĂšre. Dans le village de mon beau-pĂšre en Bourgogne, idem. Les gens s’occupent de lui. MĂȘme lĂ , alors qu’il est en unitĂ© de long sĂ©jour pour y finir sa vie, les gens sont prĂ©sents et vont le voir. Et la joie de vivre est lĂ aussi. Et aussi… que ce soit Ă Antibes ou en Bourgogne, les enfants se regroupent entre eux pour jouer. Et sĂ»rement cela doit exister ailleurs aussi.
Morne et triste n’est vraiment pas les mots que j’emploierais pour parler de la vie des gens. PĂ©tillant, joyeux, colorĂ©, mouvementĂ© parfois suivant ce qu’il y a Ă faire, alors lĂ oui ! J’ai plus l’impression de vivre avec des cousins qu’avec des voisins đ
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âșïž
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