Vielle-Saint-Girons (40), France đ«đ·Â
OĂč aller quand il nây a pas de destination ? Avancer pour avancer ? Chercher le spot suivant ? CrĂ©er un objectif ? Câest une question existentielle Ă laquelle je me confronte depuis de nombreuses annĂ©es. A chaque fois je lâaborde dâun endroit et dâun niveau diffĂ©rent. Cette fois-ci jâai lâimpression dâĂȘtre confrontĂ© au noyau du phĂ©nomĂšne.Â
La libertĂ© que jâai acquise mâa enlevĂ© toute pression, toute motivation, toute obligation. Il ne me reste rien dâautre que de vivre pour vivre. Pour celui qui entend ça, assis confortablement dans son fauteuil ça peut sembler magnifique et peut-ĂȘtre mĂȘme facile. Je peux dire que câest tout le contraire.
Comme chacun dâentre nous, jâai appris Ă faire, Ă obtenir, Ă produire et Ă ĂȘtre utile et efficace. Le temps ne se gaspillait pas ! Jâai dĂ©marrĂ© mon processus de dĂ©conditionnement il y a bien longtemps dĂ©jĂ , quand jâai quittĂ© lâarmĂ©e en 1984. Il mâa fallu 35 ans pour atteindre enfin le niveau de libertĂ© que je considĂšre ânaturelâ.Â
Jâai passĂ© beaucoup de niveaux de libertĂ© diffĂ©rents dans mon parcours. A chaque fois je me suis senti plus proche de moi-mâaime et de la Vie. Toutefois, dans cette libertĂ© totale que je vis maintenant, il ne reste que de vivre pour vivre⊠juste pour soi⊠sans rien faire. Je suis seul et dĂ©pouillĂ© dâamis, de maison, dâaffaires, de moyens et dâoccupation⊠et je nâai mĂȘme pas besoin de manger. Je peux vous dire que câest une confrontation Ă laquelle je ne suis pas sĂ»r de survivre.Â
Ăa a lâair dramatique pour pas grand chose, Ă partir dâun fauteuil confortable. Je suis face Ă mon incapacitĂ© de vivre uniquement pour moi, pour mon SOI, sans possibilitĂ© de faire marche arriĂšre. De ne rien faire pendant quelques semaines de vacances, aprĂšs des mois de production et de fatigue accumulĂ©s, câest facile. Moi, je nâai pas besoin de repos⊠mon corps est en pleine forme.Â
Je suis en paix avec ma situation et avec mon Ă©tat. En fait, je suis en paix avec la fin de mon histoire et je suis prĂȘt Ă quitter la scĂšne. Quelque chose est en train de se casser dans mon for intĂ©rieur, de se briser. Pour lâinstant il y a encore quelque chose en moi qui ne lĂąche pas et qui fait que je continue encore. Câest peut-ĂȘtre lâespoir que tout ce que je vis en ce moment nâest que temporaire. Â
Oui, je vois des paysages magnifiques⊠Oui, certains rĂȘveraient de se trouver Ă ma place⊠Oui, je peux visiter, dĂ©couvrir, me baigner, dormir Ă la belle Ă©toile et regarder les merveilles de notre crĂ©ation autant que je le veux. Pourtant, je ne le vis pas comme ça. Pour le moment je me sens privĂ© de ma destinĂ©e. Ma conscience me dit que ce que je vis fait peut-ĂȘtre partie dâune sorte de prĂ©paration.Â
Pour moi, la sociĂ©tĂ© va droit dans le mur. Beaucoup dâentre nous se trouvent dans des situations semblables Ă la mienne et apprennent comme moi Ă survivre avec peu. De ma fenĂȘtre, je vois mes frĂšres et mes soeurs continuer leur marche joyeuse, insouciante et inconsciente vers lâautodestruction⊠et ça me laisse bouche bĂ©e. Je nây vois aucune beauté⊠et je ne peux rien y faire.
Depuis que je suis jeune, je sais que je trouverai ma place quand une crise mondiale Ă©clatera. Je suis un leader et en tant que tel je nâoeuvre pas pour moi. Câest en temps de crise que des Roosevelts, des Churchills, des Goldas et des Schindlers apparaissent. Pour lâinstant je nâai pas ma place. Bien Ă©videmment, dans ce contexte, une partie de moi espĂšre ne jamais lâavoir !
âđâÂ
Tu dis que tu es dĂ©pouillĂ© d’amis et dans l’incapacitĂ© de vivre pour toi.
Qui te dis que tu dois absolument réussir à vivre uniquement pour toi ?
L’ĂȘtre humain est un Ă©tat de relation. Peut-ĂȘtre la vie t’appelle-t-elle Ă regarder ça ? Sauf si tu penses que tu n’as plus ĂȘtre en relation car trop diffĂ©rent des autres.
Ătonnante cette pensĂ©e que tu ne trouveras ta place qu’avec une crise. Peut-ĂȘtre le monde a-t-il besoin de toi maintenant, mĂȘme s’il n’est pas en « crise globale » (bien que je me demande s’il ne l’est pas) ?
JâaimeAimĂ© par 1 personne
Peut-ĂȘtre, Ericregardelemonde… Ce sont de bonnes questions… je me les poses souvent… peut-ĂȘtre… âșïž
JâaimeJâaime
« OĂč aller quand il nây a pas de destination ? »
En toi, toujours plus en toi !
Au point oĂč tu en es, tous ces gens que tu as rencontrĂ©, tous ces lieux que tu as visitĂ©, toutes ces choses que tu as possĂ©dĂ©, qu’as-tu encore Ă trouver au dehors ? Il n’y a rien de plus dehors.
JâaimeAimĂ© par 1 personne
Eh oui… âșïž
JâaimeJâaime