Amritapuri, Inde đźđł
Il est 10h33 et je me suis installĂ© Ă mon endroit « habituel » au 13Ăšme Ă©tage. Le soleil monte encore, alors pour avoir le maximum de fraicheur je me trouve cĂŽtĂ© ocĂ©an. Il sâest passĂ© dĂ©jĂ beaucoup de choses ce matin et je prends une petite heure pour poser mes pensĂ©es avec vous. Amma a dĂ©jĂ commencĂ© le Darshan et le son du rituel se mĂ©lange au bruit des vagues et celui des ouvriers sur le toit dâune petite immeuble en face. đ·đŸ
AprĂšs avoir coupĂ© 15 kilos de concombres en petites cubes, rĂąpĂ© 15 kilos de betteraves et 5 kilos de carottes, jâai les doigts pourris comme Ă lâĂ©poque oĂč jâĂ©tais cuisinier aux Courmettes. Je me suis coupĂ© les ongles et jâai frottĂ© autant que jâai pu mais il nây a rien Ă faire. Câest dĂ©sormais visible que je fais Ă nouveau partie de la classe ouvriĂšre⊠ou que je suis simplement un occidentaux sale. âșïž
Jâai commencĂ© ce matin spontanĂ©ment avec le silence. CâĂ©tait facile, au rĂ©veil jâavais encore sommeil. Mais, je le fais Ă ma maniĂšre. Pas question de me couper du monde, ni de blesser quelquâun qui sâadresse Ă moi. Quand quelquâun me pose une question, je rĂ©ponds normalement et participe Ă lâĂ©change jusquâau bout. Par contre, je ne vais pas chercher le dialogue ou Ă faire une remarque quelconque pour plaire ou amuser la galerie. JusquâĂ maintenant ça me correspond bien. đ
Dâailleurs, jâai eu quelques rencontres trĂšs agrĂ©ables et des Ă©changes trĂšs intĂ©ressantes. Jâai remarquĂ© Ă quel point une grande partie des gens ici sont fermĂ©, renfermĂ© sur eux-mĂȘmes. A tel point que cela frĂŽle lâagressivitĂ©, surtout chez certains des occidentaux qui vivent ici. Ca mâĂ©tonne dans un endroit pareil oĂč lâAmour est le mot qui est sensĂ© rassembler tout le monde. đ
Jâai remarquĂ© quâil y a aussi une catĂ©gorie de personnes qui ont leur regard plutĂŽt tournĂ© vers lâextĂ©rieur et ils se remarquent entre eux. Je commence Ă les repĂ©rer de loin. Ce sont toujours les mĂȘmes qui me sourient, qui me disent bonjour ou commencent Ă me parler. Souvent, sans raison, dâune maniĂšre tout Ă fait spontanĂ©e. Comme si nous faisions sans le savoir partie dâune fraternitĂ© avec un intĂ©rĂȘt commun, comme les motards, par exemple. De cette maniĂšre, jâai passĂ© un trĂšs bon moment avec Edgina, une brĂ©silienne et Tara une jeune anglaise avec qui il y a eu des Ă©changes de regard et sourire spontanĂ© de ce genre. đ
Parlant de sâamuser⊠hier jâai passĂ© un dĂ©licieux moment avec Joe, Panchi, la copine française de Joe, un autre homme et un Swami, Gurudass. Câest lui qui organise les tours pour Amma en Inde. Jâen ai profitĂ© pour lui poser quelques questions sur son parcours. Une histoire qui mâa touchĂ© par lâoublie de soi, la mise de cĂŽtĂ© de son ego. Une des grandes valeurs pour Gurudass est de pouvoir faire tout ce quâon lui demande. Dâailleurs, il mâa expliquĂ© Ă quel point son « agenda » Ă©tait variĂ©. Par contre, peu de repos⊠đŒ
Puis, nous avons racontĂ© de blagues et nous avons rit aux Ă©clats en buvant du chaĂŻ. CâĂ©tait bon⊠Panchi racontait ses blagues en murmurant et la copine de Joe qui avait un badge « silence » accrochĂ© sur sa poitrine riait silencieusement. Je me sentais bien entourĂ© et me trouvais en pleine forme. đÂ
Je suis allĂ© faire la queue vers 9h dĂ©jĂ pour avoir mon numĂ©ro et pouvoir recevoir mon Darshan. CâĂ©tait assez particulier et Ă©trange par rapport Ă lâhabitude que jâai des rassemblement Ă Toulon. Vers 7h30 la salle Ă©tait dĂ©jĂ pleine dâIndiens. Il ne restait aucune place pour les occidentaux et ils ont mĂȘme mis des paravent tout autour, ce qui empĂȘchait dâajouter des chaises et voir le rituel. Les Indiens recevaient individuellement sur un petit bout de papier lâindication quant Ă lâheure de leur passage dans les bras dâAmma. đ€
Darshan est selon WikipĂ©dia un terme de l’hindouisme qui signifie « vision du divin », « ĂȘtre en prĂ©sence de la divinité » ou encore « vision de l’idole dans le sanctuaire d’un temple ». Le darshan est donc un moment oĂč le dĂ©vot est en contact visuel direct avec l’idole d’un dieu, un avatar, un maĂźtre spirituel vivant ou la reprĂ©sentation d’un maĂźtre dĂ©funt. Il peut s’agir d’une vision concrĂšte (ĂȘtre en prĂ©sence du maĂźtre et recevoir sa bĂ©nĂ©diction) ou d’une vision intĂ©rieure dĂ©clenchĂ©e par l’Ă©motion des circonstances (lieu, mĂ©ditation, etc.). Le darshan est donc considĂ©rĂ© comme une expĂ©rience spirituellement bĂ©nĂ©fique et, dans sa comprĂ©hension la plus populaire, aurait un pouvoir de guĂ©rison Ă divers degrĂ©s, selon les prĂ©tentions de ceux qui l’accomplissent.
La queue occidentale Ă©tait petite et il fallait attendre 9h30 pour avoir son numĂ©ro. Les explications mâont bien fait comprendre quâAmma est ici avant tout pour les Indiens. Ils ont prioritĂ© et les autres passent aprĂšs. Ca ne me choque pas du tout. Je nâai juste pas lâhabitude. Ensuite, notre petit groupe Ă©tait scindĂ© en deux. Ceux qui nâavaient jamais eu dâĂ©treinte en Inde, puis les autres. Les « autres » devaient revenir vers 13h. Je faisais partie du premier groupe et pourtant je vais passer certainement dans la nuit seulement. Uniquement ceux qui quittent lâAshram demain vont pouvoir recevoir leur Darshan quelque part dans lâaprĂšs-midi. đŽ
Câest considĂ©rĂ© une faveur de recevoir le Darshan ici en tant quâoccidentaux, je pense. En effet, tout est en Malayam, pas de traduction, mĂȘme pas en Anglais. Ca fait bizarre. LĂ , jâentends les bahjans dont le son monte jusquâĂ chez moi. Je trouve ça beau. Bon, je ferais tranquillement ma journĂ©e. Dans quelques instant je vais Ă la piscine, nettoyer mes doigts dans lâeau chlorĂ©e en mĂȘme temps, puis redescendre pour sentir ce qui se passe. đ
Il est dĂ©jĂ 15h et je viens dâĂȘtre sollicitĂ© en mĂȘme temps que Tara de passer le Prasad Ă Amma. Le Prasad est ce poudre avec lequel je me parfume, je pense, mais qui sert aussi Ă bĂ©nir et Ă guĂ©rir. Jâai reçu dâabord des instructions quant Ă la maniĂšre de le donner Ă Amma. Puis en avançant dans la petite queue Ă gauche dâelle jâai fait dâabord passĂ© le Prasad des autres devant moi. Mon tour durait 2 minutes et jâai pu lui donner quâune seul fois le petit paquet comportant 3 sachets. đđ»
Je nâĂ©tais jamais restĂ© aussi longtemps Ă cĂŽtĂ© dâelle. Amma prenait beaucoup plus de temps par personne quâen France et ici elle peut mĂȘme discuter avec eux. Ca mâa touchĂ© de la voir parler, plaisanter, grignoter et en mĂȘme temps prendre les gens contre elle, chuchoter dans leurs oreilles et en partant leur donner un sucrerie et une ou plusieurs sachets de Prasad. Câest trĂšs rythmĂ©e, mais beaucoup beaucoup plus cool que chez nous. Plus doux⊠moins « militaire » jâai envie de dire. đ
LâexpĂ©rience de mon passage dans les bras de la mĂšre universelle dans mon article suivant⊠â€ïžđđđđ
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Pour le silence, je crois qu’il ne faut pas se fixer d’obligation histoire de ne pas se faire attraper par la rigiditĂ©.
Le silence n’est pas simplement une absence de parole.
Le silence est une substance Ă la saveur subtile.
J’aime « goĂ»ter » chaque jour le silence, qui tel un met dĂ©licat nourrit mon ĂȘtre intĂ©rieur.
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Je le vis comme quelque chose de trĂšs perso… đđŒ đ
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