Cagnes-sur-Mer (06), France đ«đ·Â
Certains d’entre vous m’offrent parfois un commentaire suite Ă un article, d’autres m’envoient directement un SMS, un email, un message texte ou audio WhatsApp, ou encore passent par ma page contact. Jâaime toujours lire vos commentaires. Cependant, celles que je reçois par email sont plus rares, mais aussi beaucoup plus personnelles et intimes. Actuellement, il y a une lectrice qui mâhonore de temps en temps de ces mails. J’avoue que j’adore ça et que ça me nourrit beaucoup. Sans elle, je n’aurais peut-ĂȘtre pas pensĂ© Ă retourner mon article d’hier sur « savoir dire NON »  en « savoir le recevoir » ! â
Il est clair pour moi que ma capacitĂ© Ă dire NON, mais aussi Ă savoir le recevoir, est avant tout liĂ©e Ă ma blessure de rejet. Lâamour-propre et lâestime de soi se transmettent des parents du mĂȘme sexe Ă leurs enfants. Lâimage que mon pĂšre avait de moi a dĂ©terminĂ© la façon dont je me suis vu et me vois encore aujourd’hui. L’absence de mon paternel a crĂ©Ă© une dĂ©valorisation importante, qui grĂące au travail sur moi-mĂȘme s’est progressivement transformĂ©e en son penchant positif, c’est-Ă -dire, savoir se remettre en question. Jâavais tellement besoin de me sentir aimĂ© quâil Ă©tait presque impossible de dire de vrais NON. Dâailleurs, le viol et les attouchements que jâai subis dans ma jeunesse sâexpliquent ainsi. đ€
Recevoir des NON mettait terriblement Ă rude Ă©preuve l’enfant, le jeune homme et plus tard mĂȘme l’adulte en moi, surtout si cela venait d’une femme. Le mĂ©canisme gĂ©nĂ©ral est que si le rejet venait de quelqu’un du mĂȘme sexe, cela me mettait en colĂšre, s’il venait du sexe opposĂ©, je cherchais l’erreur en moi. Au fil des annĂ©es, jâai remarquĂ© que cela fonctionnait pour tout le monde ainsi. Chaque NON reçu Ă©tait comme un obus qui impactait sĂ©rieusement et profondĂ©ment la valeur que je mâaccordais. L’accusĂ© rĂ©ception pouvait durer des jours et, soutenue par la blessure de l’injustice, se transformer en une fermeture psycho-rigide hermĂ©tique pour punir l’autre… et inconsciemment moi-mĂȘme en mĂȘme temps. đĄ
Le pire, câĂ©tait quand mon intĂ©gritĂ© Ă©tait remise en question. La colĂšre venant de l’injustice subie que je pouvais ressentir Ă©tait terrible. Elle peut encore parfois remonter Ă la surface lorsque une injustice de cet ordre arrive Ă un personnage de film. Ma fermeture psychologique Ă©tait Ă l’Ă©poque la seule rĂ©ponse que je connaissais, et qui Ă©tait tolĂ©rĂ©e, puisque la violence physique directe ne l’Ă©tait pas. Mon expression physique masquait clairement la colĂšre et mes paroles pouvaient ĂȘtre de vĂ©ritables assassins. Pire encore Ă©taient les NON que j’ai pu recevoir dans le domaine de l’intimitĂ©… car non seulement cela remettait en cause mon ĂȘtre, mais aussi ma masculinitĂ©, mon identitĂ© premiĂšre de jeune homme… đ§ââïžÂ
Ce sont donc mes blessures, Ă©videmment, qui m’ont empĂȘchĂ© de dire des NON en toute simplicitĂ©. Mais aussi parce quâĂ la fois amitiĂ© rimait pour moi avec OUI et NON rimait avec dĂ©saccord et exclusion. Je n’avais pas encore appris Ă dissocier l’affection que je pouvais sentir pour quelqu’un d’une Ă©motion passagĂšre liĂ©e Ă un dĂ©saccord. Ătre en colĂšre contre un ami provoquĂ© inĂ©vitablement une fissure dans la relation. Câest bien plus tard, dans ma relation avec mon pĂšre, que jâai appris que je pouvais lâaimer et ĂȘtre en colĂšre contre lui en mĂȘme temps. Ma capacitĂ© Ă dire NON est venue progressivement avec mon estime de soi croissante et lâimportance des autres qui, par consĂ©quent, diminuait. đ€š
Lâabsence du pĂšre a crĂ©Ă© un trou bĂ©ant de dĂ©ficit en capital en matiĂšre « dâestime de soi ». Ce manque dâestime de moi-mĂȘme mâa longtemps empĂȘchĂ© de dire NON et de savoir le recevoir sereinement. En mĂȘme temps, chaque fois que je parvenais Ă dire NON et Ă l’accueillir comme un grand, mon capital estime grandissait… mĂȘme si je suis au fond systĂ©matiquement un dĂ©biteur chronique. En dĂ©sactivant mes blessures, en me libĂ©rant de mes conditionnements, en affrontant mes peurs et en Ă©largissant ma zone de confort et en devenant mon propre pĂšre… bref, en grandissant… ma capacitĂ© Ă dire NON et Ă savoir comment le recevoir de maniĂšre cool, a grandi en mĂȘme temps. âïž
Dire NON nâest plus vraiment un problĂšme pour moi. Comme je n’aime pas blesser quelqu’un, j’ai appris Ă le faire sans blesser. Cela demande seulement un petit effort d’expression supplĂ©mentaire, mais il est essentiel pour moi de ne pas me blesser Ă travers l’autre. En revanche, les NON que je peux recevoir, mĂȘme ceux qui sont non verbaux, peuvent quand mĂȘme mâaffecter encore. Heureusement que ce n’est plus comme avant. Heureusement, je comprends mieux comment fonctionne tout ce cirque qu’est notre monde, et que je vois davantage le message et le sens constructifs et guidants, qu’une simple attaque qui cherche Ă me blesser. đ€Â
Je vous souhaite une dĂ©licieuse journĂ©e, soirĂ©e ou nuit⊠oĂč que vous soyez⊠ââ€ïžâÂ
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