Si j’avais vu ~ If I had seen

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Modi’in, Israël 🇮🇱 

Je me souviens qu’au cours d’une de mes premières visites chez ma thérapeute, en 1987 je pense, elle m’a dit : « Tu aimes ton père plus que ta mère ! ». Indigné qu’elle pouvait croire une chose pareille, je suis exclamé qu’elle avait tort, parce que je connaissais mon père à peine et que c’était ma mère qui m’avait élevé et qui avait tout sacrifié pour moi. 

Il m’a fallu des années pour comprendre qu’elle avait raison. Au-delà des apparences j’aimais mon père par-dessus tout et je l’ai toujours admiré. Je le trouvais beau, intelligent et fort et j’ai cherché toute ma vie à être aimé de cet homme hors du commun. Encore aujourd’hui, avec toute les crasses qu’il m’a faites, je l’aime toujours. Il a été un vrai enfoiré de fils de pute avec moi et un manipulateur pervers narcissique et violent. Et malgré ça je l’aime toujours. 

Après avoir fait mon propre processus de libération en 2004, puis de nombreuses autres libérations avec des personnes que j’accompagnais, j’ai réussi enfin à avoir pendant quelques années une forme de relation avec lui. Chaque rencontre hebdomadaire par Skype était un vrai défi. C’était lui qui parlait et moi qui écoutait. D’ailleurs ça m’a toujours suffit avec lui. Etre auprès de lui me faisait du bien, au-delà de mes à priori. De toute manière, dès que j’ouvrais la bouche il trouvait quelque chose pour minimiser ou casser mes propos.

Le processus de deuil, de libération…

Après le clash titanesque en 2010 ou 2011, je ne l’ai plus jamais revu. J’ai essayé à plusieurs reprises de renouer le contact, mais il est resté dans un attitude punitive envers moi. J’avais tout détruit, selon lui. Quand il est venu me chercher par WhatsApp, quelques mois avant son décès, j’avais intérieurement tout réglé le concernant et je me sentais en paix. J’étais devenu mon propre père et j’ai pu le renvoyer avec douceur vers sa famille. Le moment de son départ l’année dernière était en parfait synchronicité avec la fin d’une histoire bien bouclée.

En revenant dans mon pays de naissance, des colères liées à des incompréhensions sont remontées à la surface. Je ne comprenais soudainement pas pourquoi il m’avait empêché toute ma vie de rentrer chez moi. Pas étonnant que j’ai repris l’accompagnement. Moins encore que j’accompagne plusieurs personnes dans ce fameux processus de libération lié à la relation aux parents. Chaque processus éclaire par effet miroir une partie de ce qui a dû se passer entre nous. Beaucoup d’éléments que je trouve m’étaient déjà connus depuis longtemps. Mais, il y a des pépites aussi… 

J’avais déjà bien compris que ma mère a voulu me garder pour elle. Je ne peux pas lui en vouloir. Après avoir tout perdu dans les camps de concentration, j’étais tout ce qui lui restait. Toutefois, je vois beaucoup mieux l’ampleur de ses attitudes et agissements, conscients ou inconscients, pour me garder hors de portée de mon père. Même si c’est difficile à admettre, je me rends compte à quel point elle a tout fait pour me lier à elle et pour empêcher la relation père-fils d’exister. Les histoires de ceux que j’accompagne me permettent de me rappeler des petits détails clarifiants, que j’occultais à l’époque.

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Elle ne m’a jamais dit du mal de mon père. Pourtant, elle m’a transmis en toute discrétion sa douleur, sa tristesse, sa colère et son indignation le concernant. En avançant en ce moment dans plusieurs processus de libération en même temps, je me rends compte de plus en plus de quelle manière ma mère et moi nous nous trouvions sur la même longueur d’onde et faisaient énergétiquement bloc contre mon père. Je le savais à peu près, mais je réalise de mieux en mieux comment ma propre attitude a dû empêcher mon père, par la suite, de m’aimer à sa manière. Je ne le vois pas de l’intérieur, à partir de mes souvenirs. Pour le voir, il faut que je prenne un peu de distance et que je me regarde objectivement, comme un thérapeute…

Je considère aussi de plus en plus la possibilité qu’il est resté hors de ma jeune vie pour ne pas m’exposer aux éventuelles disputes entre lui et ma mère. Je l’ai revu un an après le décès de ma mère, quand j’avais 23 ans. Il est bien possible que malgré mes souvenirs, où j’étais plutôt « amoureux » de mon père, mon attitude était, de son point de vue, comme celui de ma mère. Ça me crispe de croire que j’étais moi-même à l’origine de l’absence de son affection dont j’étais tant en manque. Ça fait mal. Mais, je ne peux plus rien changer… je peux juste comprendre, accepter et faire attention à ne pas répéter le même scénario dans ma vie d’aujourd’hui.

Ça rejette beaucoup la responsabilité sur ma mère et sur moi-même. Avec la plupart de ceux que j’accompagne, nous avons fini avec succès l’histoire concernant la relation avec le père, et nous commençons celle avec la mère. C’est magnifique de voir doucement de l’Amour et de la clarté émerger, là où il y avait de la douleur et de la confusion. Maintenant, j’espère que je vais découvrir autant de pépites concernant ma mère. Je connais bien son histoire, mais je fais confiance au miroir et je suis sûr que je vais trouver des aspects d’elle auxquels je n’ai pas pensé. Plus difficile sera d’accepter ma propre responsabilité dans l’histoire. C’est dur de vivre avec l’idée que j’aurais pu avoir un père… si j’avais su, si j’avais vu, si j’avais pu…  

Douce journée à tous ∞💜∞  




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Modi’in, Israël 🇮🇱 

I remember that during one of my first visits to my therapist, in 1987 I think, she said to me: « You love your father more than your mother! ». Indignant that she could believe such a thing, I exclaimed that she was wrong, because I hardly knew my father and that it was my mother who had raised me and who had sacrificed everything for me.

It took me years to understand that she was right. Beyond appearances I loved my father above all and I always admired him. I found him handsome, intelligent and strong and I have sought all my life to be loved by this extraordinary man. Even today, with all the filth he made me, I still love him. He was a real motherfucker with me and a narcissistic and violent perverse manipulator. And despite that I still love him.

After having made my own release process in 2004, followed by many others of the people I accompanied, I finally managed to have for a few years a form of relationship with him. Each weekly Skype meeting was a real challenge. It was he who spoke and I who listened. Besides, that was always enough for me. Being with him did me good, beyond my preconceptions. Anyway, as soon as I opened my mouth he found something to minimize or break my words.

The process of mourning, of liberation … (French)

After the titanic clash in 2010 or 2011, I never saw him again. I tried several times to reconnect, but he remained in a punitive attitude towards me. I had destroyed everything, according to him. When he came to find me with WhatsApp, a few months before his death, I had internally settled everything concerning him and I felt at peace. I had become my own father and I was able to send him gently to his family. The moment of his departure last year was in perfect synchronicity with the end of a well-rounded story.

Returning to my country of birth, anger linked to misunderstandings rose to the surface. I suddenly didn’t understand why he had kept me all my life from going home. No wonder I started the accompaniment again. Even less than I accompany several people in this famous process of liberation linked to the relationship with the parents. Each process mirrors part of what must have happened between us. Many of the elements I find had been known to me for a long time. But, there are some nuggets too …

I already understood that my mother wanted to keep me for her. I can’t blame him. After losing everything in the concentration camps, I was all I had left. However, I see much better the extent of her attitudes and actions, conscious or unconscious, to keep me out of my father’s reach. Even if it’s difficult to admit, I realize how much she did everything to bind me to her and to prevent the father-son relationship from existing. The stories of those I accompany allow me to remember small clarifying details, which I concealed at the time.

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She never told me bad things about my father. However, she discreetly transmitted to me her pain, her sadness, her anger and her indignation concerning him. As I go through several liberation processes at the same time, I realize more and more how my mother and I were on the same wavelength and energetically united against my father. I knew it more or less, but I realize more and more how my own attitude must have prevented my father, later, from loving me in his own way. I don’t see it from the inside, from my memories. To see it, I have to take a little distance and look at myself objectively, like a therapist …

I also increasingly consider the possibility that he stayed out of my young life so as not to expose myself to possible arguments between him and my mother. I saw him again a year after the death of my mother, when I was 23 years old. It is quite possible that despite my memories, where I was rather « in love » with my father, my attitude was, from his point of view, like that of my mother. It makes me tense to believe that I was myself at the origin of the absence of his affection which I was so lacking. It hurts. But, I can’t change anything anymore … I can just understand, accept and be careful that I don’t repeat the same scenario in my life today.

This much puts the responsibility on my mother and on myself. With most of those I accompany, we have successfully finished the story about the relationship with the father, and we begin the one with the mother. It is wonderful to see Love and clarity slowly emerging, where there was first pain and confusion. Now, I hope that I will discover as many nuggets concerning my mother. I know her story well, but I trust the mirror and I’m sure I will find aspects of it that I haven’t thought of. The more difficult it will be to accept my own responsibility in my history. It’s hard to live with the idea that I could have had a father … if I had known, if I had seen, if I would have been able …

Gentle day to all ∞💜∞


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6 commentaires sur « Si j’avais vu ~ If I had seen »

  1. Merci Michaël pour ce partage, et pour la magnifique musique qui l’accompagne.
    Ton partage me fait réagir dans les « si j’avais su, vu, pu… « . Tout est juste, vous avez vécu ensemble exactement la relation que vous aviez à vivre, et comment être sûr que si tu avais été différent avec ton père, la relation aurait été différente ? Pour moi mon être profond sait précisément de qu’elle expérience il a besoin pour évoluer et va la créer, quelle que soit la forme que cela prenne.
    Et par ailleurs, même si ton père continue son chemin dans une autre dimension maintenant, pour moi il est toujours temps d’exprimer tes compréhensions et tes ressentis, énergétiquement le message passe, et sera aussi transmis au père en toi.
    Gratitude pour ce cheminement et pour toutes tes compréhensions que tu partages généreusement. Bonne exploration de la relation à la mère.
    Namaste

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  2. Bonjour Michaél,
    J’au vecu le même phénomène jusqu’a mes 30 ans, âge ou j’ai commencé a comprendre mon père et à invalider tout le negatif que ma mère m’avait projeté sur lui.

    Notre relation n’a fait que s’ameliorer, suite notamment a 2 voyages sur les traces de sa famille en espagne et en italie. Notre filiation commune l’a rapproché de sa famille et nous a rapproché.
    Jusqu’a donner depuis au moins 10ans un fort amour filial partagé

    Je suis heureux que tu ais compris ce phenomene pour toi et ton pere
    Du coup un noeud est parti pour ton amour envers les hommes !

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  3. Bonjour Michaël,
    whaou, je suis dans l’impossibilité d’aimer ce texte ci dessus je sens au fond de mes entrailles un jugement mauvais, qui s’enflamme douloureusement ouvrant mes plaies violemment sur la mort de papa, sur mes blessures d’abandons ou viennent de lâcher avec tensions les cicatrisations ! c’est violent ce que je ressens profondément au fond de mon corps, l’oppression la terreur m’empêchant toutes peurs, qui se sont déconnectées au fil de ma lecture !
    Je suis anéantie, apeurée honteuse de ses ressentis pourtant cela devraient me faire grandir, moins souffrir !

    Besoin de partagé, ces sensations corporelles et mentales, qui viennent inonder mes yeux, de tristesses de chagrins .
    Namasté de pouvoir ainsi m’exprimer, pour calmer mon être bouleversée.
    Namasté pour que ce bousculement me permettre d’avancer mais mon dieu que c’est dure, pourvu que cela ne perdure !!

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